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Comment se taper la honte chez le médecin…

Publié le 10 février 2011 par Paumadou

Comment se taper la honte chez le médecin…En y allant avec son homme. J’avoue, l’anecdote est pas récente, c’est arrivé quand j’étais enceinte de BB3 cet été. Mais il me faut du temps pour digérer ce genre de truc.

On va donc voir le médecin parce que j’ai besoin de l’ordonnance pour l’échographie du 2ème trimestre (j’étais en retard, mais ça c’est normal avec moi…) Bref, le médecin, c’est une sortie familiale chez nous : parce que je déteste y aller toute seule et que les gamins sont trop petits pour rester à la maison. Donc on débarque à 4 et comme j’y vais pas souvent (genre que quand je suis enceinte quoi), il commence à me poser des questions : Et qu’est-ce que vous devenez ? Ah bon, l’entreprise a fermée… dommage est vous faites quoi maintenant monsieur ? Ah oui, intéressant… Et vous madame ?

Et là, j’allais sortir ma réponse bateau, celle que je sortais quand j’avais encore un boulot (mais tellement complexe que ça prenait trois plombes à expliquer, alors qu’en face, on te pose juste la question par politesse, on attend pas une réponse honnête, on veut un truc court et facile pour te catégoriser…) Bref, j’allais dire que j’étais mère au foyer.

Sauf que chéri a répondu AVANT moi : Elle est écrivain !

L’oeil du docteur s’est alors relevé vers moi. Ecrivain ça en impose hein ? Sauf que les questions après surviennent inévitablement. Va dire que tu es pompier, tout le monde s’en fiche. Mais va dire que tu es artiste, acteur ou écrivain, ça rend curieux… Les gens veulent savoir s’ils ont affaire à quelqu’un. Et là j’ai vu le médecin ouvrir la bouche, il allait la poser sa fichue question : et vous avez écrit quoi ?

Je commençais déjà à me sentir mal (je rougis pas mais la tête me tourne, l’estomac se ressert et j’ai qu’une envie m’enfuir en courant, sauf que je suis clouée sur place), alors j’ai fusilllé mon chéri du regard et j’ai essayé d’avoir une réponse naturelle AVANT qu’il la pose sa fichue question. Bon, dans ces cas-là, le naturel c’est la confusion et la bafouille, le rire nerveux et gêné… pas le détachement blasé qui devrait ressortir d’une conversation aussi innocente.

« Ouais, enfin, j’écris un peu. Je suis pas écrivain. Je m’occupe des petits surtout. »

Histoire de lui faire comprendre que c’était pas un truc sérieux (honnêtement un écrivain qui a jamais publié, ça fait pitié non ? et puis ça évite les questions qui me mettent mal à l’aise)
Je peux vous dire que mon chéri a passé un sale quart d’heure après ça. Je venais à peine de me mettre à l’écriture, c’était pas sérieux. Pas encore. Et le voilà qui me sort devant le médecin : « Oui, mais un jour, tu seras publiée, alors t’es un écrivain »

Bref, je savais plus où me mettre en sous-vêtements avec mon bidon à l’air sur la balance qui annonçait qu’en plus j’avais perdu un demi-kilo en un mois (c’est pas sérieux madame, dans votre état…). C’est vrai, moi je suis discrète, j’aime pas qu’on me regarde, qu’on me pose des questions. Une anonyme parmi la foule. J’évite les éclats de voix et les conflits… Et voilà, que mon homme commence à parader comme un coq en brandissant ce que je fais comme si c’était le prochain Goncourt ! (et à l’époque, quand je me relis, c’était vraiment nul – d’ailleurs Esquisses j’ai toujours pas fini de le réécrire tellement il y a du boulot ! les deux autres j’ai même carrément abandonné l’idée devant l’ampleur de la tâche !)

Ca fait plaisir de voir qu’il croit en moi depuis le début, mais c’est aussi pour ça que je doute un peu de sa santé mentale sa franchise. Parce qu’à l’époque quand même, ce que j’écrivais ne cassait vraiment pas des briques !


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