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(2) Le masque de Matthieu

Publié le 10 février 2011 par Luisagallerini
(2) Le masque de Matthieu


Après une première escale sur la rive orientale du Nil à Memphis, où la peur de faire une mauvaise rencontre me retint cloîtrée dans ma cabine, nous fîmes halte à Dahchour puis à Héracléopolis, sur la rive occidentale.

(2) Le masque de Matthieu

Du ponton, j'admirai les pyramides de Dahchour, surgies telles des figures diaboliques du désert stérile, immensité de solitude ensablée, de collines et de vallées sans oasis, de crêtes montagneuses et de terres brûlées. Semblables à de monstrueuses dents, l'une rouge et l'autre rhomboïdale, les deux pyramides de Snefrou croquaient le ciel avec voracité. Si l'on comparait les deux colossales canines à l'incisive martelée, que l'on appelait la pyramide noire, cette dernière faisait bien piètre figure avec son profil bossu. Pourtant, il suffisait d'entrevoir son pyramidion de granit et sa belle robe de brique crue pour succomber aux charmes trompeurs de la dernière demeure d' Amenemhat III. À Héracléopolis, " Vénus " et son oncle, à force de supplications, m'entraînèrent hors de la dahabia et nous furetâmes sur le marché à la recherche de fruits et d'étoffes.

Le soir, dans ma cabine, je restaurai le masque funéraire. Je n'avais jamais vu pareille pièce

(2) Le masque de Matthieu

. Peint sur bois à partir d'une mixture de cire et de pigments de couleur, le portrait était d'une ressemblance frappante, non avec la momie défigurée par le temps, à qui j'étais bien incapable de donner un visage, mais avec un parfait inconnu dont les traits rapportés avec soin apparaissaient avec une précision stupéfiante.


(2) Le masque de Matthieu
Le nez était droit, les joues creuses, le crâne totalement chauve, et le front, grand et bombé. Les yeux, noircis comme si on les avait maquillés, s'enfonçaient derrière des sourcils arqués tandis que le menton s'avançait, rond et bien modelé. Pulpeuse, la bouche tombait à la commissure des lèvres, en partie dissimulées sous une courte et large barbe, aussi blanche et drue que la moustache. L'ensemble du visage dégageait une beauté atemporelle, un magnétisme inexplicable

(2) Le masque de Matthieu

. Au verso, dans un rectangle doré en relief, je trouvai gravé en grec le nom du défunt. Je déchiffrai l'inscription sans difficulté, le grec m'étant bien plus familier que le copte : Mατθαίος, soit Matthios. Le défunt portait vraisemblablement le prénom Matthieu.

Qui se cache derrière Matthieu, dont seul le portrait est resté intact ?

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