J'adore la St Valentin. C'est de loin ma fête préférée, loin devant les fêtes de Noël ou tu devras faire un cadeau qui de toute façon ne lui plaira pas à ta cousine Bertrande, bien que tu lui voues une haine sans détour depuis l'été 87, quand elle avait délibérément versé son milk-shake sur ta tête. Loin devant les fêtes de Pâques, étant donné qu'invariablement tu attrapes une crise de foie à force de te baffrer de chocolats bourrés d'huile de palme et autres matières grasses hydrogénées pendant qu'on essaye de te fair gober des histoires de cloches vivantes et de lapins qui parlent. Loin devant l'épiphanie, ou les seules fois ou tu attrapes la fève c'est quand elle se retrouve coincée en travers de ta gorge. Loin devant l'anniversaire de mariage de papy et mamie, puisque depuis 60 ans, il mettent un point d'honneur à se rouler une galoche devant l'assemblée avant de couper le gâteau.
Oui, j'aime la Saint Valentin. Déjà, parce que depuis un mois fleurissent un peu partout des panneaux publicitaires avec des dames fort peu frileuses dans des postures fort peu confortables. J'aime voir les mamans cacher les yeux de leurs chérubins déjà vivement intéresses par la chose. Je me délecte de voir les garçons un peu plus grands arrêter de regarder devant eux quand ils marchent (et je suis particulièrement fan de l'homme qui se prendra un poteau dans le coin de la tronche à force de regarder la dame sans tête de aubade). Et les filles qui haussent les épaules en invoquant soit ce menteur de photoshop, soit de vieux principes féministes sur lesquels elles se feront une joie de s'asseoir quand leur petit chéri leur aura offert un string en dentelle me font doucement pouffer.
J'aime la Saint Valentin parce que dans les vitrines, les coeurs rouges vont bien avec les étiquettes "dernière démarque, tout doit disparaître, -70%". Et effectivement, -70%, c'est un message qui met des petits coeurs dans mes yeux.
J'aime le côté désespéré de la St Valentin. Il faut absolument trouver chaussure à son pied avant la date fatidique du 14 février. A quoi bon vivre jusqu'à la mi février si tu n'as pas à te ruiner dans un bouquet de roses rouge, une boite de chocolats, un restaurant médiocre (d'habitude tu vas à Quick, mais vu l'actu, cette année ce sera Buffalo Grill), une guêpière en synthétique, un gode téléguidé qui brille dans le noir, une bougie parfumée aux huîtres (c'est aphrodisiaque) et un CD de Barry Withe? J'aime voir comment l'internet prend les choses en main et te propose tout un panel de sites de rencontre pour avoir quelqu'un pour qui investir des boucles d'oreilles, de l'huile de massage et une épilation intégrale du maillot. Et ça que tu votes à droite, que tu sois fumeur, que tu aimes les moustaches, que tu croies en jésus, que tu sois un vieux cochon qui aime les filles très intelligentes ou puceau (oui j'ai fait des recherches, je suis au CHOMAGE, je m'ENNUIE).
J'aime aussi le côté désabusé de ceux qui disent "ouais boarf, la Saint Valentin, c'est rien qu'une fête commerciale. Bébé, l'amour que j'éprouve pour toi, j'ai 364 autres jours par an pour te le prouver". 364 jours qui s'évaporeront au milieu de cessions foot avec les copains, tournée des bars, soirées youporn, et cognage dans des poteaux à force de regarder la dame de la pub Aubade.
J'adore le côté hypocrite de celles qui disent que la Saint Valentin c'est rien qu'une fête toute pourrie qui a été inventée par un marchand de cartes mais qui le soir du 14 regarderont camping paradis sur TF1 en se baffrant d'ailerons de poulet frit aux twix en se lamentant sur cet enfoiré de fils de sa mère qui n'a même pas daigné venir lui jouer la sérénade le jour de la fête de l'amour.
J'aime le côté festif de la Saint Valentin, surtout dans les magasines féminins, qui te donnent pléthore de conseils sur comment avoir un orgasme garanti à chaque fois, seule à deux ou au milieu d'une équipe de rugby. J'aime apprendre que pour réussir à appâter l'homme en vue de se faire offrir une jolie paire de chaussure aux premiers jours de la collection de printemps, il faut éviter de lui roter au nez, de lui parler de ses hémorroïdes et de le gagner au bras de fer.
Mais surtout, si j'aime la Saint Valentin, c'est parce que c'est l'amour, la sensualité, le glamour, le bon goût et la classe...
tu l'as dit bouffi