Briser la glace, en voilà une idée. Ou peut-être sortir d’une bulle. Mais on est bien dans cet abri, il fait froid dehors et les dangers sont là.
Pourquoi croyez vous que j’écris parfois ces petits billets qui n’ont guère de sens ? Que je les recopie sur ce blog au risque de vous lasser ? Mais parce qu’il me faut bien m’évader, enfermé que je suis dans cette prison tressée par des sentiments contradictoires. Alors oui, briser la glace. Mais comment, mais quelle glace ? Elle est invisible et nous trompe. Ou bien nous fait elle voir le monde tel qu’il est sans vraiment nous laisser en être. On ne connaît jamais assez les inconnus.
Dans le métro, des gens lisent et moi j’écris. Sans but. Sans ordre. Je hais l’ordre. Où en suis-je moi aussi de mes écrits ? 100 pages ? 120 ? 150 ? Mais à quoi bon arriver à la page 160 et ne plus rien avoir à dire tout en sachant que ce n’est pas fini, et se dire que les points de suspension valent bien le point final. Ils m’impressionnent ces pavés que les gens lisent et que parfois je parcours par-dessus leur épaule. Les quelques mots que je lis me donnent rarement envie d’en voir plus et je fuis ces ennuyeux pavés qui sont le plus souvent de la prose importée qu’on traduit rapidement, pour la vendre, sans tenter d’en rendre le style, ce qui, je l’avoue, est ardu. Mais ce n’est pas vraiment de la littérature, c’est sans importance. Je n’ai jamais réussi à lire Kawabata, ni Dostoïevski dans leur langue. Pour le premier j’en ai rêvé mais n’ai jamais eu la constance, pour le second c’est en apprenant le russe que je l’ai découvert, trop tôt et sans jamais être capable de maîtriser sa langue assez bien pour le lire.
Au moins mes petits écrits sont-ils suffisamment insignifiants pour ne pas être un jour traduits. Mais voilà que je me suis égaré, que je me suis laissé emporté au loin.
La bulle s’est refermée. Après tout, c’est aussi bien.