La maison sur le port
Il y avait des chansons, des chansons,
Les hommes venaient y boire et rêver
Dans la maison sur le port
Où les filles riaient fort
Où le vin faisait chanter, chanter, chanter
Les pêcheurs vous le diront
Ils y venaient sans façon
Avant de partir tirer leurs filets
Ils venaient se réchauffer près de nous
Dans la maison sur le port
Les volets se sont ouverts et depuis
Les rires des filles se sont envolés
Sous un tube de néon
Un fonctionnaire à lorgnons
Est perdu dans ses papiers, vieux papiers
Que sont devenues les fleurs
Et les lampes de couleurs
Les cheveux de Maria, ses bras nus ?
On dirait que tout est mort et bien mort
Dans la maison sur le port
Pourtant je suis revenu une nuit,
J'avais cru qu'on y chantait comme avant,
Mais les couples qui dansaient
N'étaient plus rien à présent
Que les ombres du passé, du passé
Vainement j'ai recherché
Cette fille que j'aimais
Qui savait aussi chanter et aimer,
Je vous dis que tout est mort et bien mort
Dans la maison sur le port
Ce n'est pas sur mes vingt ans que je pleure,
Bien souvent avec les filles j'ai pleuré,
Mais on aurait pu laisser
Nos chansons dormir en paix
Nos amours et nos amours à Maria
Et aux filles de là-bas
Allons voir pour oublier
Un petit morne
Puisque notre cœur est mort et bien mort
Dans la maison sur le port
Puisque notre cœur est mort et bien mort
Dans la maison sur le port
Amalia Rodrigues