Ma co-blogueuse arrive (pas pour essuyer la vaisselle, non, elle, c’est le balayage!) et, montre en main, me résume mon manuscrit (qu’elle a lu bien sûr). Sauf que ça ne dit rien, ça ne donne pas le goût au lecteur de le lire, ça ne le « vend pas ». Parce qu’en plus de résumer, faut donner envie au lecteur de l’acheter.
Je recommence. Sans vaisselle, sans montre.
C’est l’histoire de Bridget Bushell, une Irlandaise chassée de son pays lors de la famine de 1847. Elle, son frère et sa sœur traversent l’Atlantique, côtoient des malades du typhus, jettent des morts par-dessus bord et passent plus de quarante jours à Grosse-Île. Une fois à Montréal, ils habitent le quartier des tanneries, trouvent leurs premiers emplois…Non, mais c’est platte en tipépère. D’autant que c’est plus que ça. Ils vivent des rejets, des deuils, ils deviennent amoureux. Le conflit, la quête, est-ce qu’on en parle dans un résumé? J’aurais tellement aimé que le directeur littéraire rédige la quatrième couverture, mais il a accepté tel quel le texte que je lui ai soumis. Même à ça, une quatrième couverture écrite n’est pas nécessairement un bon résumé oral, au mieux ça fait leçon apprise par cœur.Je recommence.
Chassés de l’Irlande lors de la famine de 1847, Bridget Bushell, son frère et sa sœur traversent l'Atlantique. Avant d'arriver à Saint-Henri des Tanneries, à Montréal, ils affrontent le typhus, ils attendent à Grosse-Île.Je devrais peut-être me contenter du dernier paragraphe. Je sais bien que je ne dirais pas ça de cette façon. Rien que pour l’écrire, j’ai effacé, réécrit, j'ai choisi de dire ceci et de taire cela. Comment résumer tout en donnant le goût de lire et en ne dévoilant pas tout? Au fond, c’est l’histoire banale de la vie d’une immigrante, mais comment dire l’abandon, comment dire la difficulté d’être veuve et mère?
Très catholique et assez rigide, Bridget connaît des amours difficiles. Denis Lynch est trop jeune pour elle, mais il finit par l'épouser. Ils auront cinq enfants, mais Denis meurt tragiquement, Bridget élève ses enfants toute seule.
Une histoire inspirée de mes ancêtres irlandais, ce sont les vrais noms, les vraies dates, mais tout le reste est inventé. À partir de quelques lignes que ma grand-tante a écrites dans un cahier de généalogie, j'ai essayé d'imaginer ce qu'avait pu être la vie de cette Bridget Bushell et de son mari Denis Lynch.
C’est pire que d’écrire le roman, ma foi!
C'est surtout moins long de laver de la vaisselle!
(L'illustration provient de Print Master)