D'abord, on a trouvé des types qui ont peint des animaux, des hommes, des choses étranges sur des murs, sans trop savoir s'ils attendaient quelque chose en retour. Et puis, il y eut la mission je-ne-sais-pas-quoi, qui a envoyé dans les années 70 (73 je crois), un engin spatial avec mr Manpower en train de raconter des trucs bizarres à des extra-terrestres potentiels. Ceux-là (nous) en attendent encore une réponse, vu qu'on est toujours là et qu'on a conservé la mémoire de ce qu'on a fait, contrairement à nos ancêtres préhistoriques.
Entre temps ?
Entre temps il y a eu Choderlos de Laclos, qui nous a appris (surtout en tant qu'adolescents), que l'épistolaire existait, avec son style, ses intrigues, ses attentes interminables (dont le livre ne fait pas état de sa réalité, puisqu'il suffisait de tourner une page pour en connaitre la réponse). L'épistolaire représentait jusqu'alors ces messagers, chevauchant sans peur et sans reproche vers le destinataire de la missive, alors que l'émetteur ainsi que le récepteur n'avaient aucune assurance du délai ou de l'arrivée probable ou pas de ces mots uniques, échappés des doigts de celui qui écrivait, la notion de copie ou de sauvegarde n'étant inventée que quelques centaines d'années après.
Il y a avait donc une peur, un doute, une possibilité que les mots s'envolent sans jamais atterrir. Sans jamais porter leur message, qu'il fût amoureux, haineux, calculateur, ou toute autre intention mal ou bienveillante que son rédacteur avait voulu lui attribuer.
Aujourd'hui, les choses sont largement différentes.
De tous ces moyens de communication que nous possédons (qu'on nous a imposés), il en ressort une certitude telle que quelquefois, on aimerait que les choses écrites n'arrivent pas à leur destinataire finalement. Un bug, un message passé dans le dossier "courrier indésirable", en serrant les fesses pour que ce qui fut écrit ne soit pas lu finalement.
Mais non. Aujourd'hui, tout ce qui est envoyé est reçu. Lu.
Alors on inverse la tendance. L'épistolaire est désormais la mesure du temps entre l'envoi et la réponse. Et la non réponse, finalement, est plus souvent parlante que la réponse elle-même.
La voilà notre histoire. Nous initions des relations qui nous échappent si vite qu'on aimerait bien un jour, pouvoir prendre une plume d'oie, la tremper dans l'encre noire de chine ou d'ailleurs, et attendre gentiment au coin du feu que la bobinette cherre, après que celui qu'on attend ait tiré sur la chevillette.
Alors, dans ces cas-là, j'attends les yeux rivés au ciel qu'un extra-terrestre vienne me répondre ou qu'une femme préhistorique vienne m'expliquer pourquoi son homme posa ses mains un jour dans la suie pour les appliquer sur une roche.
Je viens de comprendre l'acronyme de la marque SEB : Société d'Emboutissage de Bourgogne. C'est bien.Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu