Valentin : un saint, des saints…

Publié le 14 février 2011 par Paumadou

Le problème avec les saints martyrs, c’est que l’histoire a bien souvent retenu leur nom mais leur histoire est… compliquée.

Voilà, il existe pas moins de 5 saints portant le nom de Valentin ! Bon oublions Valentin de Viterbe, Valentin de Ravennes et Valentin de Griselles qui ne sont pas fêté en février. Il nous reste quand même Valentin de Rome et Valentin de Terni.

Tous les deux fêtés le 14 février, tous les deux morts sur ordre de l’empereur Claude II. Tous les deux… En fait c’est confus. Parce que les histoires se ressemblent, se mélangent et au final on pourrait croire qu’il n’y a qu’un seul et même saint.

Voilà, Saint Valentin de Rome († 268), malgré l’interdiction de l’empereur, mariait secrètement les jeunes gens. C’est pour ça qu’il finit par être emprisonné. Là, la fille de son geôlier, aveugle, retrouve la vue par un miracle du saint. Elle se convertit avec toute sa famille. Ce qui fâche l’empereur qui le fait rouer de coups et décapiter dans la rue. On l’enterre alors sur place et y érige une église. Plus tard, on déplacera le corps dans une autre église romaine.

Saint Valentin de Terni († 269), lui est évêque à Terni. Il se rend à Rome pour soigner un jeune homme. Promettant un miracle s’il se convertit, lui et sa famille. Evidemment, le jeune homme guérit (j’adore les saints, tu peux être pustuleux, lépreux, en phase terminale : ils te touchent et zhou, tu guéris !). L’empereur l’apprend et ça lui plait pas (je rappelle qu’à l’époque être chrétien est interdit). Le saint est décapité et son corps emporté à Terni où il est encore enterré. Et si vous visitez la basilique Saint Valentin à Terni, les vitraux vous apprendront qu’il célébrait aussi des mariages secrets entre des soldats (qui n’avaient pas le droit de se marier par décret impérial) et des jeunes filles chrétiennes.

Les histoires se ressemblent donc. Le problème est qu’il y a deux corps ! Un à Rome, un à Terni. Et en plus, le chef de l’un d’eux (comprenez la tête complète) a été transporté jusqu’à Jumièges ! (bon, il a aussi un demi corps à Milan, des bras à Macerata et un autre corps à Bologne… Euh… cherchez pas, c’est un martyr chrétien donc c’est normal, c’est la multiplication des pains corps)

Au final, ça a assez peu d’importance. Car la Saint-Valentin est la fête des amoureux depuis 14ème siècle en Angleterre (15ème en France avec le retour du frère de Charles VI en France) mais ne vous leurrez pas : ce n’est pas le Saint que l’on fête. A l’époque, le 14 février est considéré comme le jour où les oiseaux s’accouplent. D’où l’association aux tourteraux !

Et au dix-neuvième siècle, avec la redécouverte de l’oeuvre de Charles d’Orléans et l’intérêt pour le Moyen Age, on se remet à fêter la Saint-Valentin comme fête des amoureux, en inventant mille et une légende autour de ces martyrs romains quitte à vouloir expliquer TOUTES les traditions (cartes et fleurs) à travers l’histoire du saint !

Au pire, si cette fête vous fait horreur, vous pouvez commémorez les massacres de la Saint-Valentin (y’en a eu trois quand même !) ou envoyer une carte d’Anti-Saint-Valentin !