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Stefan Heym, un socialiste à visage très humain

Publié le 14 février 2011 par Lauravanelcoytte

« J’AI vu l’incendie du Reichstag de mes propres yeux. Peu de temps après, j’ai dû quitter l’Allemagne, et ce n’est qu’en uniforme américain que j’ai revu cet édifice. Des années plus tard, je suis retourné dans la partie est de notre pays, en RDA, où je me suis bientôt trouvé en conflit avec les autorités. Le fait qu’un homme comme moi, avec ce passé-là, puisse aujourd’hui s’adresser à vous de cette tribune et proclamer l’ouverture de la treizième session parlementaire, la deuxième de l’Allemagne réunifiée, me fait espérer que notre démocratie actuelle aura été édifiée sur des fondements plus solides que ceux de la République de Weimar... » Ainsi parle l’écrivain-député Stefan Heym au Bundestag, en novembre dernier. Lorsqu’il quitte la tribune, un silence glacial règne dans les rangs de la majorité. A l’instar du chancelier Helmut Kohl, qui reste de marbre, aucun des parlementaires chrétiens-démocrates n’applaudit le doyen de l’Assemblée, cet homme de quatre-vingt-deux ans qui, témoin de son siècle, vient de plaider pour davantage de démocratie parlementaire. Pis, on refusera pendant des mois d’éditer son allocution, contrairement aux usages. Sa candidature au Bundestag avait fait, il est vrai, des vagues. Pour le discréditer, certains ont été jusqu’à lui reprocher une fictive collaboration avec la Stasi _ à lui, le dissident du régime des Ulbricht et Honecker ! C’est dire qu’il dérange. Même Günter Grass lui a demandé de retirer sa candidature sur les listes du PDS (dont il n’est pas membre) de peur qu’il n’enlève des voix au SPD. Mais Stefan Heym n’a pas voulu se priver du plaisir d’entamer, à quatre-vingts ans passés, une carrière politique, et de dire « ses quatre vérités à ces Messieurs du Bundestag ». A commencer par les impasses d’une réunification qu’il persiste à comparer à l’« Anschluss », ou encore à « un serpent qui a avalé un hérisson » _ et dont les troubles digestifs ne le réjouissent d’ailleurs nullement. Toute sa vie, une vie de rebelle, il a dit ce qu’il croyait juste et agi en conséquence. « Je ne dis pas que j’étais un héros... J’ai fait exactement ce que je pensais pouvoir faire, sans pour autant risquer ma tête ou aller en prison », explique-t-il dans un entretien (1)


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