Pour écrire, et bien écrire, prendre le temps de se relire, de se corriger, il faut du temps. Et ce temps-là n’est pas rémunéré. Pas avant des années, s’il l’est jamais un jour !
J’écris, je ne suis pas payée pour. Si j’en tire quelque chose un jour ça me plairait mais je compte pas dessus. Ca m’apporte beaucoup en rencontre, en découverte, en connaissance de moi et des autres, mais c’est évidemment pas ça qui fait bouillir la marmite. C’est mon chéri qui fait bouillir la marmite (au propre et au figuré, la cuisine j’ai abandonné pendant la grossesse de BB2, l’envie n’est jamais revenue). Je le remercie pour ça : c’est parce que je n’ai plus de souci de fin de mois que je peux me plonger dans l’écriture. C’est un fait. D’ailleurs, j’ai commencé à écrire quand notre situation s’est stabilisée du point de vue financier. C’est sans doute inconscient, mais ça joue.
Je le remercie aussi pour le temps qu’il m’offre. Nous ne scolarisons pas nos enfants par choix. Ils sont donc en permanence à la maison. Pas d’après-midi tranquille (enfin si deux par semaine pendant qu’ils sont chez leur grand-mère). Et comme monsieur travaille à domicile, chéri s’occupe d’eux. Parce que je suis une mauvaise mère (je me flagelle pas du tout, là, c’est vrai. J’en suis pas fière, mais j’en ai pas honte).
Quand j’écris, je suis en mode autiste-autarcique-exaspérante-exaspérée. En gros, je veux du calme, du silence et personne qui m’importune sans arrêt. Alors, chéri emmène les petits au parc, leur lit des livres, change les couches, donne les biberons, nourrit, blanchit… le tout en plus de son propre boulot. Une perle ! (et je le lâcherai pas, non mais, il est à moi je le garde !)
Je pense que si je n’avais pas mon chéri, je n’écrirais pas. Parce qu’au-delà de l’argent qui fait qu’on peut manger et payer le loyer de notre minuscule appart, faire un plein d’essence dans le mois et me payer ma carte de cinéma (un amour je vous dis !), c’est surtout le soutien MORAL et PHYSIQUE qu’il m’apporte qui est important.
Parce qu’il m’encourage à écrire (il m’a encore rouspété l’autre jour parce que j’avais pas fini mon chapitre… j’arrête pas de me faire botter le derrière de partout en ce moment, mais j’écris hein ! je promets ! ;) ), parce qu’il est persuadé que c’est mon boulot à moi (même si j’ai encore aucun texte publiable et encore moins publié), parce qu’il croit en moi (et ça ça fait du bien).
Une chose est sûre pour moi : écrire implique d’avoir du temps et l’esprit tranquille. C’est plus le soutien de l’entourage qui compte que le soutien financier car à moins de pouvoir se payer une baby-sitter en permanence, une femme de ménage et un cuisinier (et dans ce cas-là OUI c’est un passe-temps de riche), c’est dur d’avoir l’esprit suffisamment libre pour s’occuper d’écrire, à plein temps ou non.