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Les Jolis Comptes du Sentier….Aujourd’hui : La Barbe Bleue.

Publié le 15 février 2011 par Lepaf

Les Jolis Comptes du Sentier….Aujourd’hui : La Barbe Bleue.

Vétu sobrement d’une chasuble vert fluo, d’un Baggy Gianfranco Ferre et d’une kipa mauve, c’est un Barbe Bleue très affaibli par la maladie qui s’avance vers le devant de la scène pour recevoir une dague d’honneur, devant un parterre de has been, récompense ultime et presque posthume pour l’ensemble de sa sanglante carrière.

Il prononce quelque mots devant les micros.

“Je ne sais pas si j’ai manqué au crime français, mais à moi le crime français a manqué, follement, éperdument, douloureusement….”

La voix étreinte par l’émotion, ce géant qui quitte les feux de la rampe, accompagné par le thème musical du Clan des Siciliens, recueille une incroyable standing ovation.

Ceux qui l’espace d’un meurtre, eussent espéré entr’apercevoir les reflets sulfureux du Dahlia Noir en seront pour leur compte.

Je vais donc vous conter la merveilleuse et irrespectueuse histoire de la Barbe Bleue en 3D et en Blue Ray évidemment.

Je fus un instant, tenté par l’utilisation d’un effet propre au septième art, celui-là même dont Stanley Kubrick fit usage pour Oranges Mécaniques : le narrateur prouvant par son récit qu’il ne passa pas de vie à trépas. 

Quoiqu’il en soit l’essentiel est que le lecteur éprouve quelque pitié pour ce psychopathe et comprenne que toute survie est porteuse de l’espoir d’une suite et de la vente de produits dérivés sur lesquels je pourrai toucher quelques royalties….je plaisante bien sur.

Eloignez les enfants je me lance. Éclairage sépia s’il vous plaît.

Il était une fois un homme qui réussit à convaincre une mère et ses deux filles de passer avec lui plus d’une semaine dans une de ses chasses en Sologne : c’est peut-être cela qu’on appelle un foursome.

Trois jours de paix, de musique et d’amour, ça je connais c’est Woodstock; mais huit…

Le huitième jour une des filles qui avait tenté une partie du temps, tout conne sa frangine,  de surfer entre les sollicitations du gentleman farmer, posa “la” question fondamentale.

- Y a-t-il un autre endroit de votre anatomie où l’on peut voir du bleu ?

- Ma chère enfant je ne suis pas un schtroumph, répondit l’hôte avec courtoisie.

- Certes, mais cela m’affligerait d’avoir une descendance….

(et feignant une pudeur hypocrite, elle crut bon d’ajouter)  

- …..Comprenez-vous  ma pensée ? 

- Rassurez-vous ….puis soudain il se mit à chanter :

Ce rêve bleu
Ne ferme pas les yeux
C’est un voyage fabuleux
Tu verras des merveilles
Seul dans la nuit des temps,
Au firmament 

- Je constate que sa seigneurie fait donner l’artillerie lourde mais ça ne répond toujours pas à ma question…et puis le firmament, c’est vite dit !!! 

- Eh Oh !! c’est pas parce qu’on dit que les gens se font des couilles en or qu’ils ont des valseuses à dix-huit carats !!! Non “elle ” n’est pas bleue  si c’est ça qui t’intéresse

- Bon ben alors c’est oui.

- Vraiment oui ?

- Oh oui Monsieur, maintenant que je suis assurée de ne pas avoir les lèvres bleues, j’vais pas cracher sur le carrosse même si j’avais rêvé d’un mec ultra-brite avec la rose et tout et tout !!! 

Quelques mois plus tard le jeune marié prit congé de son épouse  pour un voyage d’affaires.

Il lui confia un trousseau de clefs et lui fit ses recommandations :

” Poupée, je me casse pour un bail, je te confie la baraque. Fais la java autant que tu veux avec tes copines. Si t’as besoin de blé tu prends dans cette armoire-ci, pour la vaisselle en or et argent c’est dans cette autre; je te file aussi un passe pour que tu ailles où tu veux dans mes piaules, mais cette clef que tu vois là, ne t’en sers jamais.”

- Et pourquoi tu me la refiles si je peux pas y toucher : ça se voit que tu connais pas les femmes !!

- Si tu ouvres la porte de ce petit cabinet, je pique une de ces colères si folle que tu devras aller te faire une lippo-succion du cerveau ou une chirurgie réparatrice du sterno-cléido-mastoidien.

Elle murmura :

- Casse toi pov’ con….même pas peur.

- Pardon ???

- Rien , mon bien aimé, je disais qu’on veillera à ce qu’il n’y ait pas de casse.

- Allez ciao et n’oublie pas :”touche pas à ma porte”.

- Eh ben mon cochon, on peut dire que tu sais faire dans le romantique, écoute ça :

“Ah ! Non ! C’est un peu court, jeune homme ! On pouvait dire… oh ! Dieu ! … bien des choses en somme.

Laisse-moi devenir
L’ombre de ton ombre
L’ombre de ta main
L’ombre de ton chien
Mais
Ne me quitte pas
 Ne me quitte pas
  Ne me quitte pas.

Voilà ce qu’à peu près, mon cher, vous m’auriez dit si vous aviez un peu de lettres et d’esprit  mais d’esprit, ô le plus lamentable des êtres, vous n’en eûtes jamais un atome.”

Et pan !!!! copiez ….collez !!!!!!!!!!!!

- Plagiat pitoyable et de mauvais goût, goufre intellectuel aussi profond que le quotient intellectuel de la famille Kardashian !! Mélanger Brel et Rostand c’est un peu comme si un rabbin  cuisinait des spaghettis à la carbonara.

-  Mais je rêve : voilà t-y pas que  le Big Mac s’invite  au Café de Flore !!! Tiens ouvre plutôt ton I phone au lieu de causer, t’as surement une application qui te ressemble, un message avec des Mots Bleus et romantiques, ou alors un de ces spams qui te permettent d’arrondir tes fins de mois. 

“Pour égorger ses épouses et éviter le feu du rasoir Gilette 8 lames, Barbe Bleue utilise Menen Blue….”

C’est bien ce que je disais : pitoyable et de mauvais goût.

Bon pour faire court : le mec se barre et madame, se dépêche d’aller fourrer son nez là où ça sent pas bon…bref elle se retrouve avec une clef magique tachée de sang et une ribambelle de cadavres. Et cette maudite clef a de la mémoire, comme dirait Monsieur de Saint-Simon.

A son retour, Barbe Bleue découvre que sa chère et tendre n’a pas respecté les consignes. 

- Je crois que tu vas mourir.

- Je peux appeler un ami ?

- Ni ami, ni l’avis du public, ni 50/50

- Dieu ???

- ???? Quoi  Dieu ?

- Je peux prier Dieu ?

- Prier ??? Bon mais un demi quart d’heure, pas plus…je te laisse la Rolex pour le compte à rebours après je te mets sur orbite.

Et là vous vous dites  : et Anne, putain, elle est où Anne?

Vous vous souvenez sans doute qu’au début de l’histoire il y avait la maman et les deux filles. Après que la mère que l’on qualifiera pudiquement de Mother I Like to Fuck, se soit tirée ( est-ce le terme qui convient ?) avec un gigolo originaire de la République Dominicaine, une des filles partit en quête du graal tel qu’il est défini par Sylvain Mimoun : le point G.  

La vérité, je vous la livre toute nue, ou presque.

La future victime profita de ce temps dédié à la prière pour demander à sa soeur de guetter l’arrivée salvatrice de leurs frères. Mais à chaque fois que l’une, toute paniquée, s’écriait :”Anne ma soeur Anne ne vois-tu rien venir ? “ l’autre répondait : “Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l’herbe qui verdoie.”

Pourtant, Perault ne nous a pas tout dit.

Qui aurait cru qu’Anne, explorait, avec son partenaire d’un jour, l’univers de la sexualité, les yeux rivés sur un tableau de sa chambre à coucher ? Ce maudit orgasme ne voulait toujours pas venir : voilà le message qu’elle s’évertuait à faire passer à sa soeurette, luttant comme elle le pouvait contre les effets dévastateurs du brown sugar. Parce qu’il faut être shooté pour faire des phrases qui poudroient et qui verdoient.  

Et tout à coup alors que La Barbe Bleue entame le prélude macabre de sa misérable besogne (ça fait peur  !!!) on entend un Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii d’extase qui raisonne dans les 18 pièces de la demeure.

- Anne ma soeur Anne ne…

- Mais ferme ta g…répondit Anne, pour une fois que je ne passe pas après toi. 

- Ma soeur, vite, on me tue, dites moi au moins si mes frères approchent.

- De ma place, je ne vois pas grand chose, répliqua Anne, mais j’entends le galop de quelques cavaliers à moins qu’il ne s’agisse d’un troupeau d’autruches.

Et elle soupira :

“Purée qu’elle est bonne cette daube.”

Puis se mit à fredonner :

Qui fait le premier pas
Pour s’aimer à l’envers
Toi, toi, mon toit
Toi, toi mon tout mon roi
 Toi, toi, mon toit Toi, toi mon tout mon roi”

La Barbe Bleue, lâche et poltron, prit ses jambes à son coup (les siennes pas celles d’Anne), et s’enfuit. On raconte qu’il fut rattrapé par les frères et tué tout de go, mais cette version est mensonge car le bougre, se livra à la justice, qui le libéra quelques années plus tard par la grâce d’une jurisprudence de la Cour de Cassation, d’un savant calcul de remises de peine proportionnelles au nombre de crimes, et d’une santé déclinante.

Moralité :

J’en connais qui crieront, à la fin de ces lignes 

Que tout cela est nul, et le récit indigne.

Relisez donc Perault, et tous ses textes cultes 

Si Barbe Bleue, ma foi, est un serial-killer

Souvent les femmes sont, des hommes les vainqueurs 

Dans ces contes classés, pour un public adulte.


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