L’autre jour, une copine d’école m’a « invitée » à une vente qu’elle organisait chez elle. Elle m’explique qu’elle se lance dans une nouvelle activité et qu’elle commercialise des vêtements femme et enfants chez elle, en vente directe.
J’ai toujours eu en horreur le principe des réuinons Tupperware, le truc « trop sympas où on se retrouve entre filles à manipuler des récipients en plastique et à s’extasier sur leur grande utilité… » mais comme c’est une « copine » et qu’elle débute, et que je n’ai rien de prévu ce jour là, et comme « ça n’engage à rien », et comme il m’arrive d’être « trop gentille » (pour compenser les fois où je suis « trop méchante », j’ai dit ok, je viendrais…
Bien sûr, le jour venu, l’heure arrivée, je n’ai pas la moindre envie d’y aller. En plus il pleut.
Allez, j’y reste une heure, et je me casse…
Et puis ce sera peut être sympas si elle a « invité » plein de monde…
Et puis au pire un café, trois sourires de pub de dentifrice, quatre mots gentils…
Et puis si ça se trouve je trouverai des trucs sympas… au moins pour les enfants… ils ont toujours besoin de quelque chose…
J’ai réussi à arriver presque à l’heure au rendez vous… Oui, j’ai la fâcheuse tendance à procrastiner ce que je n’ai pas envie de faire, ce qui fait que je suis systématiquement en retard, et ce indépendamment de ma volonté, aux rendez vous qui me gonflent.
J’arrive dans un salon encombré de deux portants de fringues, à une table couverte de catalogues trois nanas sont installées Ma copine est fébrile, une vendeuse type Barbie-Cougar, peinturlurée, mal recrépie, refaite à la truelle se présente comme étant la représentante de la marque de fringues…
La « réunion » commence… Historique, présentation des créateurs « trop mignons : ils sont tombés amoureux, et il lui a offert une société pour leur mariage », « son frère leur a dessiné leur logo : cela représente l’endroit où ils se sont rencontrés… trop mignon, non ? » –ou trop « cucul » ? Barbie-C est en représentation : « … et vous madame, vous avez des enfants ? » oui, deux… « Des garçons, des filles ? » garçons… Mais elle n’écoute pas vraiment ma réponse, elle est déjà passé à la suivante… Les minutes s’écoulent lentement. Il n’y a pas de pendule dans la pièce… Alors pour ne pas fixer ma montre trop souvent, je compte. Je compte les secondes, je compte les cintres, je compte les dessins du tapis… Tiens elle a un masque africain ? C’est curieux…
« Et vous madame, quel âge ont vos enfants ? » Barbie-Cougar m’a tirée de ma rêverie. Elle brandit sous mon nez un pantalon qui pourrait être un jean, et une chemisette verte…
- Heu, cinq et six…
- Ha vous avez des jumeaux.
- Bin non, cinq et six …
- Ha j’avais compris que vous en aviez trois… Vous avez une fille et un garçon ?
- Bin, non, toujours deux garçons…
Elle m’énerve. Je n’ai pas envie de faire l’effort d’être joviale.
Une heure plus tard, elle a brandit sous notre nez toutes les combinaisons de cintres possibles… Des fois que l’on n’ait pas l’idée d’associer un haut avec un bas… Des fois que l’on pense que… ou plutôt que l’on ne pense rien…. Chaque nouvelle pièce est présentée et ponctuée d’un « c’est trop mignon ? N’est ce pas ? »
Enfin, nous sommes invitées à nous approcher, et à ne pas hésiter à essayer…
Pour ma part, je m’approche du mari de ma copine : « tu m’offres un café ? » Bien sûr !
Il a l’œil amusé du mec qui connaissant sa femme sait à quel point Barbie-Cougar la gonfle, et à quel point elle prend sur elle…
Je fini par m’approcher du portant enfant… Il faut que j’essaye de trouver quelque chose de pas « trop mignon » qui correspondent aux besoins de mes enfants. Évidemment Barbie-Cougar me saute dessus : « c’est mignon non ? » ouais, ouais… --fiches moi la paix, le syndrome de la peur-panique de la vendeuse, tu connais ?... Puis sur le ton de la confidence, elle me glisse un ton plus bas : « Machine, c’est votre copine, non ? »
- Heu oui…
- Vous savez, elle démarre là..
- …
- Il faut lui donner un coup de pouce…
- … ?
J’écarquille les yeux, est-elle en train de me dire, ce que je crois avoir compris ?
Mais déjà elle s’est tournée vers une autre dame qui a pris un petit débardeur et essaye de lui fourguer le reste de la tenue… Des fois qu’elle ait froid ! Ou chaud, ou peu importe…
J’en ai marre… Je voudrais partir de cette ambiance qui m’étouffe…. Où est la sortie « sans achats » ?
La fille au débardeur a fait son chèque : 27€ le débardeur de base… ça fait cher le café… Barbie-Cougar la cramponne comme elle se dirige vers la porte : « Alors, vous avez accordé la date avec votre amie ? vous organisez la prochaine réunion ? » La fille n’avait pas prévu ça du tout, ses yeux s’arrondissent : « heuuu… » « Mais si insiste Barbie-C : vous invitez comme ça cinq ou six copines, c’est sympas… et vous aurez des bons d’achats… » La fille s’esquive, elle va y réfléchir, ou pas.
Il faut que je me tire de là… Il faut que je sorte… J’envoie discrètement un SMS à MonMari… « Appelle-moi d’urgence »… Mais monsieur n’est pas scotché à son portable… Je parcours mon carnet d’adresses…. A qui demander un coup de fil d’urgence ? Bingo !
« Ha oui ? Oh flûte, Mince, Crotte… Il faut que je vienne ?... Très vite ?... Ok je comprends, je comprends… » Je parle fort, je veux qu’on entende… « Bon, ne t’inquiète pas j’arrive ! »
Je prends mon air consterné pour discrètement m’approcher de ma copine : « j’ai un petit souci… il faut que j’y aille… on se téléphone ? Je t’expliquerais… je suis désolée, mais là, il faut vraiment que j’y aille…» Je zappe le regard réprobateur de Barbie-C, et déjà je dévale les escaliers, la cours, la rue, ouf ! Il pleut, peut importe. Grandes enjambées sur le trottoir brillant, il faut que je m’éloigne très vite de là…