Non non ce titre n'a pas pour but de générer du trafic sur ce blog, il n'y aura rien de sexuel dans ce billet que de la bibliothéconomie ;-)
Je vous propose, en ces temps de disette de politique culturelle un sujet de réflexion en 3 heures, intro/thèse/antithèse/conclusion, où quelques citations de sociologues seraient les bienvenues :
Les flux culturels sont-ils identiques aux flux commerciaux ? Si oui doit-on cependant les appréhender de la même façon ?
(Ok ok vous me direz on sent déjà le parti pris de la citation qui fait que vous aurez intérêt à abonder dans son sens ou à avoir un argumentaire béton pour convaincre ;-)
Tout d'abord c'est quoi un flux culturel ?
C'est ce mouvement de foule qui fait qu'à 17h55 (ou 18h55 ou 19h55 ou...) Tout être humain valide est prié de gagner l'endroit ou des bibliothécaires vont d'un coup de baguette magique faire en sorte que vous puissiez partir avec les livres, CD, DVD, revues sur lesquels vous aurez porté vos choix. Flux que l'on assimile les jours de forte affluence à ceux que l'on trouve dans les hypermarchés (d'où la notion de flux commerciaux au cas ou vous n'auriez pas compris ;-) et je ne vous parle même pas des flux captifs comme ceux de la poste ou de la préfecture...
Il faut savoir aussi que faire la queue ou pas, est une notion qui varie d'une culture à une autre, par exemple les chinois ne "savent" pas faire la queue c'est un principe qui leur est totalement inconnu, ce qui ne veut pas dire qu'ils n'aient pas à la subir ! Dans certains pays d'Afrique du Nord on demande à la personne qui est devant vous de "garder" votre place ce qui vous permet d'aller vous asseoir. Dans les pays anglo-saxons il ne viendrait à personne l'idée de vous griller la politesse en tentant de resquiller (j'ai même vu à New-York ce que j'ai appelé des "animateurs de queue" qui ont pour mission de vous distraire pendant votre attente ;-). Alors qu'en France la resquille est un sport national !
Et il ne faudra pas négliger cette spécificité nationale lorsque vous aurez à gérer des flux ;-)
Le problème de ces flux, en bibliothèque, est que plutôt que de les anticiper et faire tout pour les éviter on part du principe qu'ils sont inéluctables et qu'il faut faire avec. Ce qui est déjà un mauvais point de départ pour construire un scénario valable et entamer une réflexion, non ?
Et pour ce faire, on prend exemple sur les schémas du système commercial, notez que je n'ai rien contre tirer profit de ce schéma si encore on en reproduisait ce qu'il a de meilleur et d'efficace comme le marketing par exemple ! Et, à mon avis, pour les penseurs du système capitaliste les notions de flux commerciaux et d'attente aux caisses restent le gros point noir et l'échec flagrant de ce modèle. Mais à la limite eux s'en f... car leur but premier est de générer des profits.
Alors non seulement l'exemple est mauvais à reproduire car source de tensions du côté de l'usager/client mais aussi des bibliothécaires/caissières, mais, en plus, nous allons mal le reproduire dans la plupart des cas par manque de moyens.
Par mal le reproduire j'entends par là aussi appliquer ce que l'on appelle le principe de la double peine : faire la queue pour emprunter des livres ET faire la queue aussi pour les rendre !
Or malgré l'échec flagrant du modèle caissière nous persistons de la même manière avec le modèle "automate de prêt" que l'on peut là aussi assimiler aux caisses automatiques que l'on voit se développer lui aussi dans les hypermarchés. Tout le monde aura remarqué la pauvre "hôtesse d'accueil" qui se démène au milieu et courre partout d'une caisse à l'autre pour dépanner les clients en rade ?
Vous me direz, mais voyons c'est de la résistance au changement, il s'agit d'un progrès indéniable pour l'usager qui gagne en autonomie, on ne peut comparer le noble métier de bibliothécaire aux tribulations d'une caissière on est dans le culturel voyons !
Certes, certes, mais j'y vois surtout un modèle qui remplace une aliénation par une autre. Alors si je n'ai rien contre ce soi-disant progrès qui coûte au demeurant fort cher et nous livre une fois de plus pieds et poings liés à des fournisseurs commerciaux, je ne peux m'empêcher de me poser des questions et de tenter
de réfléchir à ce modèle issu de la société de consommation plaqué artificiellement sur un modèle que je continue à penser différent (peut être à tort ?)
Mais surtout c'est que ce modèle ne résout en aucun cas le pitch de départ de ce billet : gérer les flux et éviter cette pù*$!ù d'attente pour emprunter ou rendre les documents !