Le tube d'il y a dix ans : les tenaces Backstreet Boys

Publié le 17 février 2011 par Vinsh



Bonsoir mes volailles en salaison, tu croyais que j'avais disparu ? Tu avais raison. J'ai du travail, que veux-tu.
Aujourd'hui, parce qu'on n'en a jamais vraiment marre de poster des clips honteux ici et là sur le ouèbe (mais surtout sur ce bloug, en fait, parce que ça laisse plus de traces), on va causer boys bands.
Tu sais, ces groupes parodiques castés par des producteurs intelligents au milieu des années 90 pour qu'on rigole un bon coup, sauf que ça a duré un peu longtemps, pour une blague. Enfin, quatre ou cinq ans, quoi. Certes, ce n'est pas la mort. Mais ça fait beaucoup, quand même.
Bref, il y a donc eu moult créations de brochettes de mannequins claironnants, avec plus ou moins de succès. Jusqu'en 1997, où le phénomène a débarqué en France (ce qui lui assurait un processus de ringardisation éclair) (2be3, Alliage, G-Squad, tout ça), avant d'être éclipsé pour notre bonheur par le girl power et les latin lovers. Avec le recul, on avait pas forcément gagné au change, mais bon, soyons sérieux une seconde (pourquoi je dis ça ? Je suis TOUJOURS sérieux) : que pouvait-il y avoir de pire, visuellement, musicalement et mythologiquement, que le clip de Raide dingue de toi, franchement ?
Et pourtant, du côté de chez nos amis anglo-saxons, quelques reliques de cette sombre époque des 90's ont survécu à l'an 2000. On peut compter Westlife, ou même des résurgences ponctuelles du phénomène comme B2K, A1 ou Blue... Mais le groupe qui a cartonné jusqu'en 2002 sans connaître ni crise ni traversée du désert, c'est bien les Backstreet Boys.
La raison semble assez simple : comme Britney Spears, ce groupe pourtant pas beaucoup plus talentueux ni charismatique que ses congénères a réussi à flairer les producteurs et sinegueules capables de leur assurer un minimum de durée. Et aussi, à soigner l'aspect visuel, qui comme nous le savons tous maintenant que nous sommes enfin superficiels, est primordial. Rien qu'au niveau du packaging, les petits gars d'Orlando sont passés de ça :

à ça :

Ce qui entretenait l'impression (illusoire) que quand on achetait leur album, on achetait un truc presque culturellement respectable.
Genre un album de Dr. Dre. 
Mais avec le brushing de Rick Astley. 
Au final, ils livreront à la postérité quelques sinegueules efficaces et albums soigneusement produits pour leurs jolis yeux, avant que, vraiment, le monde ne décrète que les boys band c'est so 20ème siècle.
Ce titre assez insipide, The Call, qui puise beaucoup de ses influences dans la mode latino (qui était alors à son apogée grâce à cause deJennifer Lopez, Enrique Iglesias et Ricky Martin, et avant Shakira) et dont l'intro fut par la suite somptueusement pompée par le Hey Sexy Lady du pas très bankable Shaggy, est une sorte de chant du cygne pour les garçons de la ruelle. C'est pour ainsi dire la dernière fois qu'on entendra parler d'eux comme d'un groupe "phénomène" au succès à peu près aussi délirant que celui de Justin Bieber aujourd'hui. Nan mais sérieux, les gens, quand vous retrouvez un vieux CD des Backstreet Boys au fond d'un placard dans votre chambre d'ado, vous avez pas un peu honte de vous être faits avoir par le phénomène boys band EN 2001 ?? Vous n'aviez pas envie de rire quand vous voyiez ces jeunes bourgeois replets se la jouer look de caillera et film de Bruce Willis ?
Bref, chacun ses hypnose collectives, hein. Après tout, moi je reste bien tolérant face aux errements de Rihanna qui font pourtant d'elle la risée de la blogosphère, alors...
Les garçons tenteront le come-back en 2005, encore auréolés de leurs succès précédents et de leur étonnante longévité (pour un boys band). Un sinegueule à succès international en sortira, encore (c'est qu'ils sont tenaces, en plus), et en ce qui me concerne, je serai littéralement scié de me rendre compte que pour mes 20 ans, on n'a toujours pas réussi à dégager les derniers morceaux de boys bands collés à nos bottes. Cette tendance honteuse nous suivra longtemps, apparemment. C'est qu'il n'y a malheureusement pas que les homos pour aimer la pop music : il y a aussi les adolescentes pubères et les follasses incontinentes.
Mais grâce à un hiatus au sein du groupe (façon polie de dire qu'on se sépare pour voir si on vendra aussi des disques en solo, ce qui dispensera les plus charismatiques du lot de partager leurs royalties avec les autres boulets) (c'est le syndrome Robbie Williams), les Backstreet Boys se sépareront, suffisamment longtemps pour se ringardiser, prendre un coup de vieux et se faire oublier d'une bonne partie de la planète. Leur tentative de retour actuelle semble avoir un peu de plomb dans l'aile, et franchement, vu le manque de modernité du concept et la faible évolution musicale constatée, ce n'est pas plus mal. Un petit effort de songwriting et de registre musical plus mature devrait, pourtant, permettre aux copains de Nick Carter de ne pas sombrer dans l'oubli tout de suite, de profiter du revival 90's et, peut-être, de faire une "Take That". 
Ce qui, faute de provoquer chez moi une réelle excitation, engendre à la fois une perspective de gadin dramatique et un suspense à peine soutenable.