Magazine Journal intime

Le chant des sirènes

Publié le 18 février 2011 par Araucaria

_blank


Encore une anthologie. Je les apprécie beaucoup, car constituées de textes courts, ou parfois de poèmes, elles me permettent de découvrir de nouveaux auteurs, (et comme si j'avais besoin de ce coup de pouce) me donnent envie d'acquérir encore plus de livres.
Dans ce recueil, donc plusieurs auteurs très différents : Homère, Apollonios de Rhodes, Ovide, Andersen, Wells, Giraudoux, Camille Mauclair, Renée Vivien et di Lampedusa. Neufs textes ou poèmes qui rendent hommage à la plus mystérieuse des créatures : la sirène. On dit parfois que c'est en tombant dans la mer que les sirènes oiseaux sont devenues poissons...
Voulant encore m'amuser, j'ai choisi un extrait de "Miss Waters, roman d'une sirène" de H. G. Wells...Une sirène normande, coiffée dun bonnet phrygien qui débarque sur une plage de Folkestone
"Cette sensation de surprise et ce désarroi firent place au plus pur héroïsme. Il poussa devant lui l'échelle et la naufragée, abandonna son père maintenant complètement anéanti, saisit la dame dans ses bras et l'emporta hors de l'eau.
- Sauvée! criaient les jeunes filles.
- Sauvée! piaillaient les femmes de chambre.
- Sauvée! Hourra! répétaient en écho des voix éloignées.
Tout le monde, en fait, criait : "Sauvée!", excepté Mme Bunting, qui, a-t-elle dit, soupçonnait que son époux perdait connaissance, et M. Bunting lui-même qui soupçonnait pour sa part que toutes les lois de la nature, par lesquelles la Providence nous permet de flotter et de nager, étaient momentanément suspendues, et que la meilleure chose à faire était de donner dans tous les sens de grands coups de pied jusqu'à ce que mort s'ensuivit. Mais une douzaine de secondes lui suffirent pour avoir la tête hors de l'eau et sentir ses pieds reprendre contact avec le fond. Il soufflait tour à tour comme une baleine et comme un phoque, hennissait et s'ébrouait comme un cheval, crachait et miaulait comme un chat en colère, grinçait des dents comme une scie, et s'essuyait énergiquement les yeux. Ainsi Mme Bunting, sauf que de temps en temps elle se retournait pour lancer un "Randolph!" réprobateur, put contempler à loisir le fardeau superbe suspendu au cou de son fils.
Chose curieuse, la naufragée resta au moins une minute hors de l'eau avant que quiconque s'aperçût qu'elle n'était pas en tout semblable aux...autres femmes. Les spectateurs, je suppose, se pressaient au coude à coude autour d'elle pour contempler son beau visage, ou peut-être se figuraient-ils qu'elle portait quelque habit de cheval d'une coupe inédite autant qu'indiscrète, ou autre chose de ce genre. Quoi qu'il en soit, personne ne remarqua cette anomalie, bien qu'elle s'exposât d'une façon aussi visible que la lumière du jour. A coup sûr, elle se confondait avec le costume. Et tous restaient là, s'imaginant que Fred avait sauvé une jeune femme ravissante et d'une élégance rare, habitante de quelque maison voisine, et qui s'était aventurée seule au bain..."
Le chant des sirènes - Anthologie - Librio n° 666

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Araucaria 31 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine