Magazine Nouvelles

Rafael Alberti | Ballade du silence craintif

Publié le 18 février 2011 par Angèle Paoli
«  Poésie d'un jour

BALADA DEL SILENCIO TEMEROSO

Aquí, cuando muere el viento,
desfallecen las palabras.
El molino ya no habla.
Los árboles ya no hablan.
Los caballos ya no hablan.
Las ovejas ya no hablan.

Se calla el río.
Se calla el cielo.
Y el benteveo se calla.
Y el loro verde se calla.
Y el sol, arriba, se calla

El zorzal se calla.
Se calla el lagarto.
Se calla la iguana.
Se calla la víbora.
La sombra, abajo, se calla.

Se calla todo el ganado
y la barranca se calla.
Se calla hasta la paloma,
que nunca jamás se calla.

Y el hombre, siempre callado,
entonces, de miedo, habla.


BALLADE DU SILENCE CRAINTIF

Ici, quand le vent meurt,
les mots défaillent.
Et le moulin ne parle plus.
Et les arbres ne parlent plus.
Et les chevaux ne parlent plus.
Et les brebis ne parlent plus.

Se tait le fleuve.
Se tait le ciel.
Se tait l’oiseau.
Et se tait le perroquet vert.
Et, là-haut, se tait le soleil.

Se tait la grive.
Se tapit le caïman.
Se tait l’iguane.
Et se tait le serpent.
Et, en bas, se tait l’ombre.

Se tait tout le marais.
Se tait tout le vallon.
Et se tait même la colombe
qui au grand jamais ne se tait.

Et l’homme, toujours silencieux,
de peur, se met à parler.

Rafael Alberti, Ballades et chansons du Parana [Baladas y canciones del Paraná, Buenos Aires, Losada, 1954] in Rafael Alberti, D’Espagne et d’ailleurs (poèmes d’une vie), Le Temps des Cerises, 1998, pp. 215-216. Traduits de l’espagnol par Claude Couffon.





■ Voir/écouter aussi ▼

le site officiel de Rafael Alberti
→ (sur Palabravirtual) une autre ballade (« Balada de lo que el viento dijo ») dite par Rafael Alberti
→ (sur La République des Lettres) une bio-bibliographie (en français) de Rafael Alberti



Retour au répertoire de février 2011
Retour à l' index des auteurs

» Retour Incipit de Terres de femmes

Retour à La Une de Logo Paperblog