Magazine Journal intime

Leurs yeux se rencontrèrent

Publié le 19 février 2011 par Araucaria
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Une autre anthologie... achetée à cause de l'illustration et du titre...
En quatrième de couverture, il est écrit : "Drôle, violente, passionnée, surprenante, la première rencontre donne naissance aux plus belles histoires d'amour de la littérature mondiale!" Là je m'insurge, cette anthologie ne traite pas seulement de rencontres amoureuses; il y a aussi les coups de foudre amicaux.  Cela existe aussi, et ce sont aussi des moments magnifiques, magiques, peut-être plus marquantes d'ailleurs que la rencontre amoureuse.
Ce livre va nous offrir plusieurs chapitres:
-rencontres insolites,
-quand ça commence mal...,
-espoir?
-coup de foudre!
-et vous? quelques pages vierges qui sont offertes au lecteur pour raconter ses rencontres.....Les miennes font généralement partie de la seconde catégorie. Que d'étincelles! et puis, le plus beau arrive servi sur un plateau de vermeil. Quand on s'est offert totalement avec son mauvais caractère, la suite, si la partie adverse résiste à l'estocade, ne peut être que merveilleuse..."Un long fleuve tranquille, une "Carte du Tendre" écrite à l'envers...que du beau et du bon et pour longtemps.
Je vous copie aujourd'hui un extrait d'une rencontre insolite "Harold et Maude" de Colin Higgins.
Les deux protagonistes, sont assis au fond d'une église où se déroule le service funèbre d'un défunt qui leur est inconnu.
"Les membres de la famille quittèrent l'église.
-Regardez-les, fit la vieille dame (Maude) en chuchotant et en le tirant par la manche. Je n'ai jamais compris cette manie du noir. Est-ce qu'on envoie des fleurs noires? Quand elles sont noires, c'est qu'elles sont mortes et je me demande bien qui aurait l'idée d'envoyer des fleurs mortes à un mort. Et, se mettant à rire : C'est complétement idiot! La mort n'est qu'un passage. Tout n'est que passage.
Harold sortit de son banc. La vieille dame le suivit.
-Que pensez-vous de ce gros vieux Tom? demanda-t'elle.
-De qui?
-De saint Thomas d'Aquin, là-haut. Je vous ai vu le regarder.
-Je crois que c'était...heu...un grand penseur.
-Oui. Mais un peu démodé, vous ne trouvez pas? Tout comme les cygnes rôtis. Oh mon Dieu! Regardez-moi celle-là!
Ils s'étaient arrêtés devant le tableau représentant une Madone à l'air maussade.
-Puis-je vous emprunter ceci? fit la vieille dame, prenant dans la poche poitrine d'Harold un stylo à pointe feutre avant d'esquisser en quelques traits un sourire engageant sur les lèvres de la Vierge.
Harold inspecta du regard l'église déserte pour s'assurer que personne ne les observait.
-Là! C'est-il pas mieux ainsi? fit la vieille dame. Ces peintres, il ne leur vient jamais à l'idée de donner à cette pauvre enfant une expression rieuse. Dieu sait pourtant, qu'elle a de quoi se réjouir. Comme tous ceux-là, d'ailleurs, ajouta-t-elle en regardant plusieurs statues dressées au fond de l'église. Excusez-moi une minute.
Harold esquissa le geste de reprendre sa pointe feutre mais déjà la vieille dame, dans le fond de l'église, dessinait des sourires sur les lèvres de saint Joseph, de saint Antoine et de sainte Thérèse.
-Un saint triste...il y a incompatibilité entre ces deux termes, ne trouvez-vous pas?
-Mon Dieu...oui, fit Harold, qui se sentait sur des charbons ardents.
..."
Anthologie : Les plus belles premières rencontres de la littérature - Folio n° 3785

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