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Lever de rideau

Publié le 18 février 2011 par Cjhenry

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Ceci est un révolver... (Crédits photographiques : CJH.)

   Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la Littérature, de la Littérature en tant qu'art total puisqu'elle permet de tout dire, de (se) contredire, d'interdire (etymologiquement : dire entre), de maudire et de médire, et aussi de célébrer, de glorifier, de louer, d'adorer et de prier, et même d'offrir et de (se) sacrifier. Oh, bien sûr, comme toute forme élaborée d'expression humaine, la Littérature connaît et infère des lignes blanches (et noires) à ne surtout pas franchir, des limites, mais ces dernières sont si peu contraignantes qu'il s'avère facile de s'en affranchir en faisant montre, cela va de soi, de toute la délicatesse et de toute la noblesse du monde, dussé-je mettre ma bonne foi en jeu et remettre cent fois sur le métier mon ouvrage... Aussi bien, pour s'affranchir de ces limites, encore faut-il les adopter, les dompter, avec en permanence le souci de les élever au service d'une « esthétique », d'une « éthique », voire d'une « charte programmatique », d'un « combat politique », pour, ensuite, tel un nocher bienveillant mais frondeur (et insouciant), éclairé par l'étoile éternelle ou par un fanal providentiel, guider le lecteur, ce naufragé en eaux troubles, jusque sur la plage de la Beauté – « La beauté sauvera le monde. » (Dostoïevski) – et/ou en de trop rares occasions jusqu'au port de la Vérité – « La vérité vous rendra libres. » (Évangile de Jean)... Là-dessus, tout est affaire d'idée(s) (rêvons), d'idéal (admettons) et, les jours et les nuits de grand vide intersidéral mâtiné d'incompétence érotique ou théologique (c'est la même chose), d'idéologie...

   Ces limites, plus justement ces bouées ou ces phares, osons les circonscrire en un acronyme indépassable, et j'espère irréfragable : la GOPS (G pour Grammaire, O pour Orthographe, P pour Ponctuation et S pour Syntaxe). En ce qui me concerne, il est hors de question de travestir ce quartette de sœurs en frères Dalton, ces malfrats pitoyables dont l'alimentaire et antique vocation demeure la mise à sac de tout saloon dévolu à la vraie musique des mots (comprendre celle qui toujours doit procéder de la seule nécessité et jamais de quelque hasard) avec ses horreurs collatérales : la pulvérisation des symphonies savantes et des opéras fabuleux... De toute façon, si c'était le cas, je métamorphoserais aussitôt le révolver en stylographe, c'est-à-dire le plomb en or (et en sang), et alors, à l'instar de Lucky Luke, je harnacherais la plus agile et la plus subtile des montures pour, sous le soleil couchant, dans une plaine déserte agrémentée de cactus circonstanciels, entonner un air débile et calme la clope au bec - j'ai volontairement évacué de mon western particulier toutes les pages à brindille, toutes les pages sans feu...

   Ah oui, pourquoi avoir intitulé ce blog-notes Colophane, substance hautement toxique ? Il faudrait convoquer un virtuose du violon pour (vous) répondre.


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