Le poète du Bon Coin

Publié le 21 février 2011 par Frédérique Paresseuse

  

Comment se faire connaître quand on a un talent d'écrivain ?

En faisant un blog ? En publiant sur My Major Company Books ? En créant un buzz sur Facebook ?

Pfffffff, trop has-been, les chéris.

Maintenant, les nouveaux talents se trouvent dans les endroits les plus improbables... comme dans les petites annonces du Bon Coin. Et il y en a un qui s'éclate en ce moment et qui fait s'éclater de rire les acheteurs. Son nom de code ? Dauteuille, un huluberlu qui peut vous faire des lignes sur l'objet le plus anodin de la vie quotidienne.

Exemples :

Steppeur (et sans reproches)

  Vous désirez transformer vos membres inférieurs, de qualité standard, en jambes de concours élevées au grain ? Voici l’article ad hoc.
Oubliez la marche en sous-bois. Les sangliers y sont pacifiques, mais leurs poursuivants en treillis cribleront vos mollets galbés, ruinant tous vos efforts esthétiques.
Place au virtuel. Avec ce steppeur « Body Care » (en français « Fais gaffe à ton body »), l’avenir est en marche.
Enfilez un collant fuchsia et juchez-vous sur l’engin. Vous voilà parti(e).
Le Stepper BodyCare est surtout un puissant stimulateur de l’imagination.
Vous sillonnerez la planète à deux pas de votre sèche-linge.
Vous gravirez l’Everest en nuisette.
Vous traverserez le Sahara en vous déhanchant comme un chameau (les deux plateaux sont pivotants).
De jour comme de nuit, vous marcherez interminablement, car l’objet est robuste.
Enfin, quand la pluie émoussera votre militantisme, vous pourrez accompagner chez vous la manif pour les retraites.
L’aventure est là, tendez-lui vos pieds, ainsi que 30€, tarif bénin de cet exaltant voyage.
Je suis prêt à vendre l’objet à deux frères siamois unijambistes, mais je n’accepterai qu’un seul chèque. L’idéal serait qu’ils aient un compte joint.

  Scène alpestre à l'orientale

A première vue, ce bas-relief célèbre l’ivresse des sports d’hiver dans nos montagnes d’Europe, comme le suggère son titre sobre : « Alpes ».
Mais une observation attentive de l’objet nous apprend que l’œuvre est aussi et surtout une pièce rare de l’art oriental. En effet, l’artiste a discrètement apposé sur son verso la mention
« Made in China ».
Il est donc probable que cette peinture sur bois est attribuable à un explorateur de l’empire du Milieu, qui, chevauchant à travers la steppe ondulante de la Mongolie, les rocailles caucasiennes et la neutre Helvétie, a fini par atteindre nos alpages savoyards, son chevalet en bandoulière.
Là, prélevant quelques poils lustrés de sa natte pour confectionner un pinceau, ce mandarin opiniâtre s’est mis au travail. Une fois ses croquis réalisés, il a regagné la Chine pour y recopier cela sur du bois, qu’il a laqué comme un canard, sans oublier d’y ajouter le relief (visible sans lunettes 3D).
L'artiste anonyme -appelons-le Ming- a su saisir l’élan du skieur comme le bref haïku sait résumer le grand Tout.
Cette œuvre, pourtant, ne coûte presque Rien.
18 euros, soit 154 yuans : c’est une bouchée de riz pour cette miniature géante (49 X 71 cm ).
Lao-tseu a dit « Plus le sage donne aux autres, plus il possède." Le prix est donc à débattre (de quelques yuans).

Ca vous a plus, vous en voulez encore ?

 Dans ce cas, allez là :

 http://www.leboncoin.fr/ameublement/152448261.htm  
>http://www.leboncoin.fr/ameublement/154657420.htm > http://www.leboncoin.fr/ameublement/155203038.htm  > http://www.leboncoin.fr/ameublement/155836392.htm  >

Chapeau, l'artiste.

Et merci à Day de me l'avoir fait connaître.