Pourquoi les papillons de nuit s’envolent toujours, quand il fait jour ?

Publié le 21 février 2011 par Orangemekanik

T’as vu ? On s’est croisé quand je suis partie. Samedi. Définitivement. T’es arrivé il était presque 20h19. Et moi, à 21h19, soit pile une heure plus tard, je disais encore au revoir à mes meilleurs amis. Ben non. T’as pas vu !… Sinon tu m’aurais retenue. Et je serais restée. Même si j’avais prévenu tout le monde. Que je m’en allais. Que j’avais fait une annonce publique. Et tout le tralala. Ils sont plus à ça près. Les gens. Avec moi. Ils me connaissent. A force. Ils se disent que dans trois jours, au pire, je serai de retour. Puisque je fais tout le temps ça.
J’en avais marre d’attendre. Depuis des heures. Quatre. Et trente six minutes. Exactement. Tu te rends compte ? Quatre heures 36 à faire les cent pas. Tourner en rond. Passer chez toi. A l’accueil. Sur ton blog. Pour savoir où t’étais. Ce qui se passait. Si y’avait du nouveau. Sans compter que la veille, déjà, t’étais venu en coup de vent, sur les coups des 18h02 nous prévenir que Zemmour avait été condamné pour ses propos racistes. Tout le monde était content. Hom, Volterie, moi. On était à peu près 37 en tout. Tous prêts à faire la fête. Mais chépas. T’as redisparu. Et puis plus rien. Silence radio.
J’ai fait que de t’écrire cette nuit là. En espérant que t’allais revenir. Pour lire. Je voyais des gens qui défilaient chez toi. Déposer des articles. Des photos. Des vidéos. Je voyais défiler les heures. Aussi. Et filer les étoiles. Avant de filer avec toi. Dans des rêves. Obscurs. Où tu cassais des murs. Pour venir avec moi.
Il était très précisément 13 ou 14h quand j’ai ouvert les yeux. 14h11 et des poussières quand j’ai vu que t’étais pas rentré. Que la nuit est tombée sur mon début de journée. Qu’il y eu du brouillard. Quand j’ai cru que tu m’avais laissée du mauvais côté du miroir. En apnée. Côté cauchemar. Ce fut les 28 minutes les plus longues de ma vie. Avec celles où j’avais fait cuire 9 œufs coque d’affilé dans une louche sur un camping gaz, il y a une vingtaine d’années. J’ai même cru que ça faisait pas 1680 secondes. 28 minutes. En vrai. Que ça se pouvait pas. Sinon j’aurais jamais eu le temps de fumer autant de joints pour m’exploser la tête ! Je me souviens même plus, d’ailleurs, si je venais d’écraser le onzième ou si j’étais presqu’en train d’allumer le douzième… toujours est-il qu’il était quatorze heures trente neuf quand mon cœur a fait boOoOom lui aussi. Un vrai feu d’artifice. Quand je t’ai aperçu. De loin. Comme quelqu’un que l’on n’attend plus. Plus que cinq minutes. Depuis deux heures. Et qui arrive enfin. Un peu comme la France en émoi attendant DSK, ce jour là. Ca a fait comme une apparition. Trois petits tour et puis s’en vont. T’a parlé de Kadhafi avec une vingtaine de personnes. Dont Hom. Qui venait de me quitter à l’instant. J’ai adoré ta prestation. Mais je ne suis pas intervenue. Y’avait trop de monde. Je connaissais rien de rien au sujet. Je croyais surtout que t’allais revenir… avant 20h19 et quelques millénaires. Que t’allais lire les messages que je t’avais laissés. Me faire signe. Me répondre. Mais rien. Pas un mot. Pas un sourire. Réaction zéro. T’es même passé à côté de mes dessins. Sans même y prêter attention. Pourtant je m’étais appliquée.
Après une heure de réflexion… et dix neuf minutes de questions sans réponses, je me suis donc décidée à faire mes adieux. Quitter la place. Vers 21h57, j’ai tenté une ultime approche. En vain. Quand je les ai vus tous te sauter dessus, j’ai fait : « Ok c’est bon. Puisque c’est comme ça, j’me casse… Et pour de bon cette fois… Pour la vie ». Je crois que je tiens le bon bout. Ce soir 21h19, ça fera 48h. Plus que 696. Ca fait jamais que 44640 minutes. 2678400 secondes.
2678399…
2678398…
2678397…
2678396…
C’est bon ok j’avoue. Hier après midi, j’ai un peu craqué. J’ai fait une petite escapade. Un petit saut. Deux disons. Deux minis. Parce que c’est dur. Aussi. De plus voir personne. D’arrêter du jour au lendemain. Sans aucun suivi. Lâchée. Comme ça. Entre le vide du passé. Le plus rien. Du présent. Le no future. De nos futurs. En plein milieu du chemin. Que j’arrivais à faire. Grace à toi. Quand tu me guidais. Pas à pas. Sans le savoir. Avec tout ce que tu savais. Avec tout ce que je voulais. Connaitre. Ce que tu avais dans la tête. Tout savoir. Contre tout ce que je pouvais pas dire. Tout ce qui mettait des murs. Entre moi. Et le monde.
Sans toi, j’aurais jamais passé trois ans à rêver toute une vie… que je vivrai jamais. Toute une vie qui n’existe pas. Sauf parce que je la vis. Et que je veux pas savoir. Si c’est réel. Ou si c’est dans ma tête. Tout ça… Moi, tout ce que je veux savoir, c’est comment ? Pourquoi ? Comment on en est arrivé là. Après tout ce qu’on a partagé. Toi et moi. Ces trois dernières années. Traversé. Contre vents et marées. Mes humeurs. Mes pensées. Mes mélos-psychos-drames… Mes joies. Mes larmes. Pourquoi tout a basculé. Pourquoi la terre continue de tourner. Pour toi. Chaque fois que je ne suis pas là… Pourquoi j’ai peur que tu m’oublies. Alors que je ne sais rien de toi. Ou si peu…
Pourquoi les papillons de nuit s’envolent toujours, quand il fait jour ?