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L'apologie du flou

Publié le 21 février 2011 par Mari6s @mari6s

A force de dire aux enfants que se tromper n'est pas grave, on encourage une forme de flou dans les connaissances et la pensée, que l'on retrouve ensuite dans la vie en société, notamment dans les opinions politiques - je suis régulièrement effarée par les raisonnements simplistes et souvent erronés que j'entends, que ce soit dans la vie ou à la télévision...

Je pense effectivement que le système scolaire est en partie à blâmer. L'erreur y est définie comme normale - non seulement excusable, mais souvent souhaitée par les "nouveaux pédagogues" car "c'est en se trompant qu'on apprend". Et c'est vrai que l'erreur n'a rien de dramatique pendant la période d'apprentissage... qui doit avoir une fin bien définie, à partir de laquelle se tromper EST grave - puisqu'on est censé savoir. Mais voilà, beaucoup d'enseignants au primaire oublient cette partie-là. Certains m'ont même fait me sentir coupable de ne pas me tromper assez...

Les fautes d'orthographe, par exemple, sont le plus souvent tolérées. Au collège et au lycée, la plupart des professeurs ne les corrigent même plus - parfois même les professeurs de français! C'est déjà grave en soi, mais c'est aussi un symptôme d'incompréhension de ce qu'on écrit. Confondre participe passé et infinitif, par exemple, n'est pas anodin, ne pas voir la différence entre deux significations si distinctes me paraît assez dramatique: certains écrivent "à développé" ou "à consommé", alors que le participe passé exprime une action terminée...

Et il ne s'agit pas seulement des fautes que l'on fait quand on écrit ; il y a aussi des nuances dans les textes que l'on lit, que l'on ne peut pas saisir si l'on ne maîtrise pas, au minimum, la grammaire et l'orthographe. Vous voyez le rapport avec les opinions dont je parlais à l'instant?

Mais est aussi à blâmer cette manie manichéenne de supprimer toute nuance, de vouloir des opinions simples qui s'expriment en deux mots: "pour" ou "contre", "oui" ou "non". On ne peut être que pour ou contre l'avortement, pour ou contre la peine de mort, pour ou contre telle ou telle réforme, pratiquant ou athée... Les gens finissent par s'enfermer dans ces cases sans chercher à se demander s'ils y adhèrent complètement. Et "paradoxalement", à force d'être péremptoire, tout cela devient très flou dès que l'on creuse un peu...

Et puis on ne se donne simplement pas le temps de développer des opinions propres... Autre tendance de notre temps: s'entourer de monde, de bruit, d'écrans pour ne jamais, jamais être seul avec soi-même. Et ne jamais apprendre à se connaître, soi.

C'était mon petit coup de gueule, que j'avais commencé à écrire à l'époque des grèves contre la réforme des retraites, effarée par le flou de certaines déclarations - de personnes que je côtoie mais aussi de personnalités à la télévision. Mais cela s'applique selon moi à de nombreux domaines...

Je finirai par un encore plus gros coup de gueule contre les nombreux journalistes (qui sont, si je ne m'abuse, censés nous éclairer) qui nagent eux aussi dans le flou le plus complet. Je ne regarde plus le 20h que pour me moquer du mélange démagogie/sensations/propagande/simplicisme que l'on y trouve... Certains journalistes donnent des pourcentages qui ne "fonctionnent" pas si on les recalcule ; ou plus simplement, ne corrigent pas des informations erronées données de façon péremptoire par les personnes interrogées (syndicalistes emportés par leur prose ou passants du micro-trottoir).
Sous censure officielle, il n'y a pas si longtemps en France et encore actuellement dans de nombreux pays, certains déploient des trésors d'inventivité pour faire passer certaines informations ; mais nous nous complaisons dans notre nullité, ne profitant de notre "liberté" que pour briser des "tabous" (émissions de télé-réalité édifiantes aux titres du genre "Cap d'être infidèle?"...).

C'est beau, le progrès;..


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