Je ne connaissais pas Monsieur Roy. J’aurais pu. Nous sommes de la même région et de la même génération. Si j’ai bien compris, nous sommes entrés au lycée la même année, chacun dans le sien, semble-t-il. Ce n’est pas tout à fait à cause de la politique que j’ai entendu parler de lui. Sur ce sujet là, c’est comme pour les racines, nous sommes à peu près du même bord mais c’est sans importance.
Patrick Roy est député du Nord, et maire de Denain. Ah Denain… Quand j’y allais ; c’était plutôt pour le basket, à l’occasion pour encourager l’équipe de Jean Degros, et aussi, en short, pour prendre une raclée contre les équipes de jeunes de Denain-Voltaire. Rien que pour le nom du club, çà valait la peine : toute une salle criant en chœur « Allez Voltaire ! », çà avait de la gueule. Je ne m’en rendais pas trop compte quand j’admirais Jean Degros, Jean-Pierre Staelens ou encore Daniel Ledent et quelques autres, ce n’est que plus tard que j’ai découvert celui qui avait donné son nom à l’équipe et que je l’ai lu avec une ferveur aussi forte que celle qui me faisait, tout gamin, hurler son nom !
Qui sait, après tout, on s’est peut-être croisés un samedi soir, le député et moi. Ah, où ne faut-il pas chercher pour trouver des points communs dont tout le monde se moque et qui n’ont rien à voir avec la raison pour laquelle j’ai envie de parler de lui.
Patrick Roy est aussi un malade. Le cancer s’est abattu sur lui, et un pas commode, au pancréas. Une saloperie, une vraie. Une saloperie comme celle qui a fait de sa ville la plus pauvre de France dans sa catégorie. On a fermé les usines, on les a transférées à Dunkerque, les gens avec, un temps. Bien des denaisiens devenus dunkerquois ont fini dans les banlieue parisiennes après avoir connu le chômage, la misère pour certains. Mais on est un peu cons chez nous, on reste fiers, on ne se plaint pas. D’ailleurs, il ne se plaint pas Monsieur Roy, non, au contraire, il parle, il explique, il vit. Tiens, je ne peux pas m’empêcher de penser à toutes ces cochonneries qu’on nous laissait respirer et dont on ne sait pas ce qu’elles on pu causer dans nos corps. De toute manière, c’est trop tard. Quelquefois, je me dis que j’ai revu en Chine les cheminées fumantes de mon enfance, ce n’est pas rassurant.
Alors, Monsieur Roy, il m’a ému. Denain, forcément. J’ai entendu les journalistes parler de son courage et tout ce qui va avec. Non, je ne dirais pas çà. Cet homme là a choisi de vivre, de refuser la fatalité et c’est sans doute pour cette raison qu’il n’est pas mort. Ce qui me touche aussi, c’est l’exemplarité ! Un personnage public doit être un repère, être celui dont d’autres vont pouvoir s’inspirer si ils ont à faire face au même combat.
Alors, à Monsieur Roy, je n’ai pas envie de dire « bon courage », mais plutôt « merci ».
Un matin