Ce Week-end j’ai participé à un mini-atelier d’écriture, une sorte d’initiation en quelques minutes.
Pour nous donner envie d’écrire on nous a invité d’écrire, justement, pendant un quart d’heure quelque chose sur le thème : « les éléments (feu, air, terre, eau) ». Poème, lignes, histoires, peu importe. Chacun a ses préférences, ses facilités.
Alors, avant de continuer, prenez une minute – pas plus – et pensez à ce que vous pourriez écrire ???
- - -
Je ne suis pas ici pour vous abreuver de mes tentatives littéraires, loin de là, mais là, j'ai trouvé ça sympa, voir ce qu'en quelques minutes seulement nous pouvons imaginer sur un thème donné.
Moi, je suis partie du principe qu’il fallait passer d’un élément à un autre – et l’histoire est alors venue à moi telle quelle. Je n’ai rien modifié depuis, elle a coulé de mon stylo, un peu triste tout de même.
Mais j’aime bien, une quinzaine de minutes qui m’ont permis de pleurer avec mon ange tenté - et finalement déchu :
L’ANGE DECHU
Du haut de son nuage, l’ange observe la terre, là, tout en bas. Qu’elle paraît belle, si verte, si bleue, se chaude, si colorée ! Que de vie !
Lui, ici dans les nuages, il n’y voit que du bleu et le blanc des volutes.
L’air, si pur, caresse les plumes de ses ailes et, regardant autour de lui, il soupire.
Oh que c’est doux. Oh, que c’est .. oui, lisse.
L’ange est las.
Il jette encore un coup d’œil vers le bas. Et là, il ne sait pourquoi, une humeur soudaine, il se jette dans le vide. L’air tire sur ses ailes qu’il déploie.
Et le voilà qui s’élance vers le sol. L’air siffle autour de ses oreilles, dans ses ailes blanches.
Et ses pieds trouvent la terre.
Etrange. Grumeleux.
Il bouge ses doigts de pieds. Une sensation spéciale, dure, chaude. Il sourit. Un sourire d’ange. Secret. Rare. Doux.
Il s’avance vers l’étang. L’eau brille. Il s’approche et en un pas l’eau froide lui monte jusqu’aux chevilles. Son épiderme réagit au contact comme s’il en avait l’habitude et des petits boutons se forment le long de ses bras. Est-ce cela, la chair de poule ? Comme l’air, l’eau caresse et pourtant c’est différent, plus physique, plus palpable.
Une goutte d’eau coule sur la joue de l’ange. Qu’est-ce donc ? Il y porte la main, ses doigts en reviennent humides. De l’eau.
Il porte le bout de son index à ses lèvres. De l’eau salée.
Une larme ?
Les anges ne pleurent pas.
Un courant d’air fait frissonner ses ailes, ses cheveux.Il regarde vers le ciel, si loin désormais. Hors de portée désormais.
Un ange déchu, voilà ce qu’il est, désormais.
Des ailes inutiles, désormais.
Et du fond de sa conscience il entend le cri, le hurlement.
Il n’est plus ange, il n’est pas homme.
Le ciel a fermé ses portes.
Alors que l’ange doute et que la frayeur l’étreint, la terre tremble, s’ouvre, un gouffre.
Il perd pied, glisse. Il ne peut se retenir, glisse encore.
Ses ailes ne le portent pas.
Et l’attend en bas le feu, chaud, brûlant, éternel.
(fin)