Dans le cadre de la semaine pour la Liberté de lecture (je préfère ça à la traduction officielle de liberté d’expression puisqu’il s’agit d’une semaine CONTRE la censure volontaire des lecteurs de livres déjà publiés), j’ai envie de vous parler de l’opinion publique.
Cette petite voix qui soi-disant est la morale commune : parce qu’elle est ce que pense la majorité des gens. Ou du moins ce qu’ils avouent penser. Parce qu’être homophobe c’est pas bien, être raciste c’est inconvenant et que mépriser les simples d’esprits pas chrétien.
Comme le disait si bien Orphée : Je suis esclave de l’Opinion publique, c’est ma faiblesse.
Mais peut-on sous prétexte de vouloir plaire au plus grand nombre, supprimer ce qui pourrait le choquer ? Et interdire à ceux qui aimeraient le lire et avoir leur propre opinion de le faire, c’est proprement scandaleux. Si le contenu est légal et ne tombe pas sous le coup de la loi (négationisme, apologie de doctrine interdite, de racisme, d’homophobie… ) pourquoi certaines personnes se permettraient de juger le contenu inconvenant à la place du lecteur ?
En lisant le rapport 2009 des livres contestés au Canada depuis les dix dernières années (les livres, causes et conséquences), on remarque que c’est très souvent des bouquins pour enfants qui parlent de sujets qui agitent majoritairement nos sociétés :
- Le conflit Israélo-Palestinien (surtout les points de vue palestinien accusé de racisme et d’antisémitisme… )
- La sexualité sous toutes ces formes ! (homophobie et homosexualité, viol, abus, découverte de la sexualité… )
- Le racisme (Marc Twain et son « nigger » gène plus les parents blancs que les « personnes de couleurs » eux-même !)
- La seconde guerre mondiale a aussi pas mal de contestations
Amusant de lire qu’Harry Potter a été jugé par des parents le fait de parler de sorciers et de magie comme « inaproprié pour les enfants » !
Le rapport n’est pas à charge d’une morale ou d’une autre, ainsi sont reportés aussi bien des associations religieuses qui dénoncent des apologies de comportement sexuels et des homosexuels qui dénoncent ce qu’ils considèrent comme de l’homophobie… (très intéressant de lire les arguments des contestataires et les solutions trouvées aux conflits)
C’est quand même dommage de voir que dans une société que l’on croit « évoluée » on se retrouve avec des paradoxes tels que celui de la Bibliothèque publique de Lethbridge qui avait organisé, pour la semaine Freedom to read, une mise en avant des livres contestés de ses rayonnages (et dénoncé ainsi cette censure des lecteurs) et a vu un usager demander à ce qu’un des livres présentés soit définitivement retiré de la collection pour « apologie du suicide » d’un bouquin sur l’euthanasie !
Désespérant parfois de voir que certains n’ont pas confiance dans les autres pour avoir de la jugeotte et savoir déméler la fiction, le bon et le mauvais… à moins qu’il s’agisse d’une tentative d’imposer sa propre morale et là c’est tout simplement sans espoir.