Avec Les Petits, Christine Angot est accusée, à nouveau, d’écrire des autofictions pour régler ses comptes, de déballer des histoires personnelles et de porter atteinte à la vie privée des gens (qui plus est, en bidonnant les faits).
La défense d’Angot (stratégie juridique mise à part) me semble être, en gros, la même que pour Céline : l’écrivain a tous les droits. L’écrivain serait cet être tellement au dessus du commun des mortels qu’il en serait aussi au-dessus des lois. Son statut lui permettrait donc de pratiquer aussi bien l’incitation à la haine raciale que l’atteinte à la vie privée.
Naturellement, un privilège aussi enviable n’est pas donné à n’importe qui. Je me souviens d’un accrochage entre Christine Angot, justement, et une femme politique, je crois que c’était Elisabeth Guigou, lors d’une émission télévisée. Interloquée par les critiques d’Angot, Elisabeth Guigou avait fini par lui demander: «Mais vous avez lu mon livre ?» Et Angot avait eu cette réponse méprisante : «Je ne lis que des écrivains.»
On en déduit qu’il ne suffit pas d’écrire un livre pour être écrivain, bien sûr, ce serait trop simple... Quelqu’un qui écrit, c’est simplement un «écrivant». C’est ainsi que se qualifiait modestement Roland Barthes, par opposition à Proust, écrivain véritable. Qu’est-ce qu’un écrivain véritable ? C’est facile : quelqu’un qui fait de la littérature.
Malheureusement, nous ne sommes pas forcément plus avancés. Comment définir, objectivement, la littérature ?