À bout portant je te vise d’amour en plein cœur car je suis la tireuse à gages de ta présence
loin de tomber vers l’arrière sur le sol je te vois vivre par surcroît et grandir en moi-même au sommet du jour et de la
nuit palpiter la joie d’ailes entrouvertes dans le creux du nid de mon épaule
le soleil a soufflé les chandelles arc-en-ciel de ton anniversaire en son couchant
dont nos regards enfantins se délectent autour de la table bien mise
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à bout portant je tire je t’aime je tire et je t’aime sans ne jamais rater ma cible et tous ces je que tu as été jadis
s’évanouissent de bonheur en mes bras ouverts se profilent les uns à côté des autres
de ton enfance jusqu’à maintenant
tous les humains sont là entre mes bras
.
à perte de vue je te vois à perte d’ouïe je t’écoute à perte de mots je te parle à perte de toucher je te fais
râler jusqu’à l’extase à perte d’odorat je te respire en tes travées de blé en ces champs de ton cou où à te ramasser
à chacune de tes fleurs sauvages je perds haleine
de l’héliotrope de la marguerite du pissenlit du muguet printanier à l’orée de ta langue vers lequel je me penche doucement
pour ne pas blesser leur blancheur la fragilité de leurs corolles
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mon amour tu ne finiras jamais
toi qui rassemble en ton être les enfants les hommes et les femmes de la terre
je te mets à vie à chaque seconde qui passe
les bourrasques de l’instant prennent en vent dans l’éternité fluviale de nos chevelures envolées
je te cours sur toute ta longueur corporelle et ta main se referme sur moi afin que je m’y repose un peu
.
je n’aurai jamais le temps de parcourir l’ensemble de tes systèmes solaires
tous tes continents tes mers tes océans et ton fleuve Saint-Laurent
je me baigne en tes eaux lumineuses je clapote avec toi au bord des berges
je me brise avec toi nos embruns nos écumes emmêlés
sur les sables offerts et nus
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je rassemble les peines humaines aux pieds mouillés au bord de mon amour
les enveloppe d’une couverture
après les avoir secourues à l’aide d’une vedette rapide et légère
telles des réfugiés en des barques d’infortune
avant qu’ils ne se perdent dans les flots
et les yeux clos les prends contre mon corps
sans ne jamais interrompre mon étreinte
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je manifeste avec toi à bout portant de tendresse je manifeste avec toi à foules immenses
je manifeste avec toi de mille chants de mille voix main à main reliés
en ces lieux mon amour marqués dans nos cœurs d’une empreinte indélébile
là où les premières allumettes de la liberté en craquant sur la dureté du sol se sont enflammées et s’enflammeront dans les temps à venir
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© Marie Cholette, le 18 février 2011. Tous droits réservés.
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