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Abigaïl

Publié le 25 février 2011 par Banalalban

Abigaïl Arbogast, corneille femelle de dix-huit mois, a tout vu du meurtre de la môme par Hurl.

Oui, elle a tout vu.

Mais, comme elle n'est qu'une petite corneille de dix-huit mois, elle ne peut bien sûr pas témoigner.

Elle a vu le jeune homme étrangler la jeune fille.

Elle l'a vu.

Elle était dans le champ du fermier Firmin, alors bien sûr qu'elle a tout vu.

Il a fait descendre la môme de voiture, comme ça, en pleine cambrousse, et il l'a étranglée.

Elle l'a bien vu.

Décrit comme ça, il n'y aurait rien d'exceptionnel : des meurtres, les oiseaux en voient sans doute plein et tous les jours tant les criminels ne se méfient pas des volatiles.

Mais celui-là était particulier. 

Il avait quelque chose que les autres n'avaient pas.

À l'instant même où la môme a rendu son dernier souffle, un nuage d'escarbilles rouges a quitté sa bouche à elle pour atteindre sa bouche à lui et c'est ainsi qu'Hurl a tout avalé d'une seule traite.

Avec gourmandise.

Comme on boit du sirop ou tout autre chose de bien sucré et de bien doux. Hurl a même souri.

L'espace d'une seconde, les herbes se sont couchées tout autour du corps de la môme, comme si elles se pliaient de peine et le visage de Hurl s'est transformé en un millier d'autres.

Puis Hurl est redevenu lui-même.

Après ça et déconcertée, Abigaïl Arbogast, corneille femelle de dix-huit mois a quitté l'épouvantail sur lequel elle s'était perchée et s'est envolée vers un autre pré.


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