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10 Commandements pour écrire à l’eau de rose

Publié le 26 février 2011 par Paumadou

Oui, suite au petit sondage que j’ai posté il y a quelques temps, je me vois dans l’obligation de vous apporter quelques conseils techniques et pratiques pour écrire.

Aujourd’hui, c’est un article très sérieux (sisi, je vous jure) afin d’aider les futures Barbara Cartland à nous pondre des best-sellers. 10 conseils à suivre rigoureusement pour réussir dans le monde impitoyable de l’édition romantique-nunuche.

Premier Commandement : Une histoire solide, tu inventeras !

Oui, solide comme une feuille de papier à cigarette. Et surtout, si tu rédiges des suites, pense à bien reprendre le même schéma d’histoire et de personnage à chaque fois. Les lectrices n’aiment pas qu’on les surprenne, elles préfèrent savoir dès le départ qui fait quoi et surtout comment ça va finir. Si tu peux le dire dès la première page, c’est encore mieux, tu es sûre qu’elles iront jusqu’au bout.

Second Commandement : Une héroïne fine et forte, tu décriras !

Comme la moutarde de Dijon : elle doit être désespérée, seule (ou vient de s’être faite larguer par un loser), important elle n’a jamais pris de réel plaisir à la chose avec les hommes (et n’a JAMAIS pensé à faire ça avec les femmes, trèèèès important), un peu coincée et plutôt faible en apparence. En apparence, seulement, parce que justement on va voir que face au héros, elle sait tenir tête, elle est forte et s’affirme d’un caractère marqué. Surtout pense bien à répéter à l’envie qu’elle n’a jamais réagi comme ça, que ce n’est pas du tout dans son caractère (oui, l’héroïne est mytho, ou alors a une mémoire de poisson rouge)

Troisième Commandement : Un superbe mâle, tu créeras !

Oui, un mâle. Pas un homme, non, une bête furieuse et enragée qui ne pense qu’à ça et surtout qui ne pense qu’à ça AVEC l’héroïne. Surtout pense que c’est une montagne de muscles (les tatouages sont une option très vendeuse, de même les blousons de cuir et les motos), avec un beau membre évidemment (la comparaison avec des largeurs d’avant-bras, des longueurs inouïes (imaginez jusqu’où ça remonte pour être entendu !) et évidemment la pierre sont indispensables). Ah, et puis il ne pense pas mériter l’héroïne et donc la fuit en permanence (même s’il revient à l’assaut avec son impressionnante chose frémissante tous les 3 paragraphes)

Quatrième Commandement : Des choses inouïes, tu rédigeras !

Inouïe est évidemment appliqué à tout ce qui ne s’approche jamais de l’oreille, mais utilisez aussi les termes inassouvie, incomparable, intolérable… et tout les adverbes en in- que vous pouvez trouver. Surtout s’ils sont complètement déplacés dans la phrase.

Cinquième Commandement : La langue de Molière, tu massacreras !

Mais voulant lui rendre hommage. Le court, le syntaxique, tu ne connais pas. Pense Yoda, et tourne tes phrases de manière tordue, oublie des mots, invente des tournures qui ne sonnent pas bien, mais avec trop de mots. Ca donne l’impression au lecteur qu’il lit de la grande littérature, surtout si tu ajoutes des mots complexes voir obscurs. Utilise au moins deux fois l’imparfait du subjonctif. Et si tu peux mettre un plus-que-parfait du subjonctif c’est encore mieux.

Sixième Commandement : Des adjectifs, tu abuseras !

N’oublie pas d’ajouter au moins un adjectif à chaque nom commun. Deux est une règle que tu devrais appliquer. Trois, n’en abuse pas. Et surtout, fais attention, les deux adjectifs ne doivent pas dirent la même chose. Au mieux, fais en sorte qu’ils soient contradictoires.

Septième Commandement : Le cliché, tu connaîtras !

Au sens de la bible évidemment, histoire de faire des petits. Fais battre la chamade à tes coeurs, fais-les fondre, se briser ou éclater (gonfler est moyen, parce que trop souvent employé à tord dans l’expression « ça me gonfle » évite… ça risque de donner des idées aux lecteurs). En tout cas, deviens cardiologue ! Même lorsque le coeur est mort (chez les vampires ou les zombies), il se manifeste quand même. Et puis des expressions toutes faites, tu te serviras, sans même en chercher ou comprendre le sens, évidemment.

Huitième Commandement : Plutôt deux fois qu’une, tu répéteras !

N’oublie pas de dire combien JAMAIS elle n’a connu un désir pareil, surtout si elle l’a dit deux paragraphes avant. La répétition est la force de l’apprentissage. En sortant de ton livre, le lecteur aura compris tous les messages que tu souhaites faire passer. Surtout sur ce qui tourne autour de la relation entre les personnages : au moins deux ou trois fois par chapitres : l’héroïne aura eu un orgasme (alors que JAMAIS ça ne lui été arrivé, mais JAMAIS,JAMAIS), elle aura voulu puis repoussé puis revoulu que le mâle s’intéresse à elle. Le mâle de son côté n’aura jamais eu autant envie d’une femme (pas même la pinup de la page centrale de PlayBoy n°435 trois jours avant) et surtout il l’aura repoussée/voulue/repoussée mais toujours pour son bien. C’est là, le schéma d’un paragraphe, à répéter jusqu’à la fin du roman.

Neuvième Commandement : Jamais avant la fin, tu ne consommeras !

Evidemment, comme disait Polyeucte dans son kakemphaton… Le mâle donnerait au moins trois orgasmes par chapitre à l’héroïne mais sans jamais y aller franc jeu. Et en ressentira le plus grand des désirs sans jamais être frustré (n’oubliez pas, vous êtes une femme, les hommes doivent fonctionner comme vous) Bien sûr, après avoir refusé de s’avilir dans une relation bestiale, ils se laisseront aller au dernier chapitre. Mais pas avant ! Sinon, votre lectrice arrêtera sa lecture en route.

Dixième Commandement : Aucune honte, tu n’auras !

Ni dans les clichés employés, ni dans la manière de décrire ton oeuvre, ni dans la manière d’en parler comme si c’était le plus grand des chef d’oeuvres, la série ultime que tout le monde attendait depuis le Seigneur des Anneaux ! C’est important le marketing, et on vend l’emballage avant de découvrir le contenu. Postez donc des photos de vous sous votre meilleur jour (une séance avec une photographe de mariage est indispensable),  n’oubliez pas de dire que vous êtes une mère de famille et que vous vivez simplement avec votre mari dans un trou paumé en province (beaucoup plus vendeur que ces parigots bourgeois !) Et portez fièrement votre couleur ! Oui, vous faites du rose bonbon, mais vous le faites avec la plus grande application !


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