"Tiens, m’a dit le grand Franswa P. Lis ça, tu me diras ce que tu en penses".
Hum.
De l’auteur, d’instinct, je me méfiais : de quelques tentatives, j’avais gardé l’image, trop classique, d’un écrivain doué qui se regarde écrire. Exactement le genre d’auteur qui écrit un texte sur l’alcool et la nostalgie. Mais je n’avais jamais regardé de très près. Et puis, je m’étais promis de lire un jour Parle leur de batailles, de rois et d’éléphants, ne serait-ce qu’en hommage à la plus belle couverture que j’aie vue depuis des années.
L’alcool et la nostalgie : rien que pour le titre, j’accordais à Enard un crédit-pages de 3, maximum.
Il lui en a fallu moins pour me faire monter dans le train avec lui, et faire naître des images de Russie. Dans les pages suivantes, j’ai reconnu le peu de russe en moi et suis allé avec lui jusqu’à Novosibirsk, terminus. Le tout en une soirée.
De ce livre, finalement, le seul raté est dans le titre.
Avec quelques belles images à travers les vitres du train. En voilà une, presque au hasard, avec une dédicace particulière pour M. Erwan Larher.
Salut.
« Finalement les villes ne nous mangent pas. Elles ne nous avalent pas dans leurs entrailles, comme Jonas, ne nous font pas disparaître dans la pénombre d’interminables réseaux souterrains, elles nous transforment, ce sont elles qui nous habitent et pas l’inverse ; elles modifient notre démarche, rythment notre pas, altèrent notre élocution, nos habitudes les plus intimes. On ne doit pouvoir être vraiment soi qu’à la campagne, parmi les vaches, ou dans la cellule d’un monastère, voire dans le compartiment d’un train entre deux gares… »
Et le train continue.