Magazine Talents
Liberté d’expression, d’opinion et d’accès à la lecture
Publié le 26 février 2011 par Paumadou
Prenons pour parti que nous sommes dans des pays « libres et démocratiques », prenons également pour parti que presque tous les gens savent lire et que certains même se piquent un peu de culture (et oui, il existe encore des personnes adultes qui ne savent pas lire en France). Bref, que nous ne nous heurtons pas à une censure éhontée et contrainte, ainsi qu’une propagande forcée et acceptée de tous (dans certains pays, on a pas cette liberté)En supposant cela, et dans le cadre de la semaine Freedom to read, j’en viens à me poser la question de la liberté d’expression.En effet, il y a une différence entre les libertés d’expression, d’opinion et d’accès à la lecture.Or (peut-être que ce n’est pas le cas outre-atlantique, ou que nos amis canadiens ont mal traduits) mais il a une différence entre liberté de lire (traduction littérale de Freedom to Read) et liberté d’expression (traduction « officielle »).La liberté d’opinion est la plus inaliénable (en tout cas pour les membres des nations unies- allez relire les droits de l’homme, article 2 alinéa 1, 1948). Et la plus difficile à ôter, l’opinion étant ce qu’on a dans sa tête et ses pensées, bien avant ses paroles.La liberté d’expression est revendiquée pour faire part de ses opinions. C’est une modulation inévitable de la liberté d’opinion : si on peut tout penser, on ne peut pas tout dire ! Même si certain expriment cette liberté comme absolue, un monde civilisé, il est inévitable de faire certains compromis : c’est la base de la relation à l’autre… Ma liberté s’arrête où commence celles des autres)
Ainsi, les lois limitent la liberté d’expression (en France en tout cas) et interdit certaines pratiques (incitation à la haine, calomnie, négationnisme…) En fait, des opinions qui, exprimées, pourrait porter le trouble dans ces mêmes pays. On est libre de penser ce que l’on veut, mais le dire ne doit pas être en contradiction avec les libertés fondamentales des autres. Logique.
Après, cela s’exprime différemment selon les pays : dans les pays laïc, la religion n’a pas autant de liberté d’expression que dans les pays ayant la religion dans leurs statuts (il serait impensable que les créationnistes puissent s’exprimer aussi librement en France, quant aux Etats-Unis, ils sont légions, par exemple)Et voilà où je veux en venir. Aujourd’hui, au Canada (mais je reprends parce que c’est une bonne idée) s’achève la semaine Freedom to read. Parce qu’il y a une autre liberté qui existe : celle de l’accès à la culture, à la lecture et surtout à la liberté de CHOIX dans ces lectures.Les livres publiés sont l’expression d’une première censure : ce qui peut ou non être publié (respect de la loi du pays) et ce qui peut ou non être vendeur (oui, oubliez les éditeurs qui recherchent la nouveauté créatrice ou publient pour les beaux yeux des Muses, ce sont des entreprises comme les autres, si un truc ne se vends pas, ils le publieront pas)C’est déjà énorme. Alors qu’en plus, certains personnes (bibliothécaire, libraire, parent…) en rajoutent en sélectionnant ce qu’on doit ou non lire. C’est une atteinte à la liberté de lecture. Je n’ai jamais été confrontée à cela en librairie – faut dire que je ne cherche pas non plus la petite bête… – ou en bibliothèque.Mais voilà, je sais que si je commande un livre dans une grande librairie, soit on me dit oui (parce que c’est un livre issu d’un de leurs grossistes et donc pas de problème, ça ne réduit pas leur marge de le commander avec la prochaine livraison), soit on me dit non c’est plus éditer (alors que je sais que ça l’est encore… Mais que c’est tout simplement une petite maison d’édition, ça fait une facture de plus et une marge moins importante… cette démarche, je la comprends chez un libraire indépendant – mais il est plus honnête de dire « ça va me coûte des sous de le faire » qu’un mensonge évident, mais pas d’une grande chaîne qui vante sa position de pourvoyeur de culture).