« Je vous en prie, il faut essayer de nous délivrer. On en a marre. Moi j’aurais pu partir, j’ai un fils handicapé, s’il voit la foule, s’il voit les militaires, il deviendra fou. Il faudrait que vous nous délivriez. Il faut faire un appel à la communauté européenne, on est en train d’être décimés comme c’est arrivé déjà au Rwanda. On ne peut pas nous laisser comme ça. Oh non. Au 21ème siècle, il arrive encore des choses pareilles, c’est pas possible on est terrorisés, tout le monde est terrorisé.
Moi j’ai un Africain qui travaille avec moi, il a peur. Il peut plus mettre le nez même dans le jardin, le pauvre. Il est terré dans sa chambre, tellement qu’il a peur il me dit on va me confondre pour les mercenaires, parce qu’il y a beaucoup de mercenaires qui se promènent dans les rues là. On en a marre, je vous assure, on en a marre.
Il faut faire parvenir mon appel, je vous en prie, dites-le. N’importe comment, mais dites-le qu’il y a des gens qui souffrent qui souffrent et des parents qui ont peur que leurs filles soient violées. Moi j’ai une amie qui tremble. Elle a bloqué la porte de la chambre de ses filles avec des armoires, des tables. Elle a mis ses deux garçons devant la porte parce qu’ils ont peur des représailles, on sait jamais ce qu’ils peuvent faire. »
L’intégralité du témoignage enregistré par Pierre-François Decourcelle pour France-Info, le 26 février 2011.