Mercurochrome,

Publié le 27 février 2011 par Colettesays

Ce soir, j’ai cinq ans.

Je me souviens de ce jour où j’ai trouvé intelligent de rouler à vélo le guidon à l’envers, les freins hors de portée, sur un chemin explosé et plein de cailloux. On roule vite quand on se sent sûr de soi, l’égo gonflé par un élan intrépide qui pourrait tout révolutionner, tandis que la vitesse qu’on contrôle à peine nous ramène à l’idée que le danger, c’est grisant.

Ce soir, j’ai cinq ans.

Je serre les poings et les yeux troublés de larmes, j’ai juste envie de te dire que ça fait même pas mal. Je me relève doucement, et même si je flippe à voir dégouliner tout ce sang, j’ai juste envie de te dire que j’ai pas peur.

Ce soir, j’ai cinq ans.

Mais il est temps de se soigner comme les grands. Attraper le désinfectant, ne pas se poser de questions, y aller franchement, se trouver des raisons, se dire que les douleurs intenses et brutales se font plus vite oubliées que les douleurs insidieuses qui s’installent pour durer.

Ce soir, j’ai cinq ans.

Et nerveusement, j’essuie les larmes qui coulent le long de mes joues pour aller mourir dans mon cou jusqu’à en noyer l’encolure de mon tee-shirt.

Ce soir, j’ai cinq ans.

J’en chiale de douleur mais je préfèrerais en crever que de te l’avouer.