Je me suis promis que ça serait un beau week-end de joie. La raison s'est attelée pour offrir des cadeaux aux enfants, des petites surprises gustatives et une promenade aux honneurs de Jeanne d'Arc. Le sourire s'est affiché quand l'équipe de la garderie me guettait pour que ma fille me remette une petite pochette mystérieuse Vendredi. Un sourire qui annonçait une effusion de tendresse exprimée. Vraiment, je n'avais aucun doute, nous serions à l'honneur dans le bonheur. J'ai attendu le samedi midi pour que les enfants se synchronisent, même si fiston insistait "c'est pas grave maman, tu peux l'ouvrir le cadeau de bébée". Pas de précipitation, de risque d'injustice, c'est le sien que j'ai découvert en premier, comprenant des semaines de secret bien gardé, des insistances discrètes. J'aurais pleuré, vraiment, mon fils est super. L'émotion n'est pas la même en découvrant la petite main imprégnée en peinture, même si l'agitation de bébée laisse croire qu'elle aussi, elle est fière de son oeuvre.Et bien, je n'ai pas pleuré, je suis restée dans ma forteresse émotionnelle, sèche, des petits baisers au lieu de gros calins, gendarmant de plus belle fiston qui inquiet relève "mais maman, je fais tout pour que tu te mettes pas en colère" Sic...Alors j'y retourne, trop de sommeil, trop de logistique plutôt que de nous promener, comme promis.La nuit je me tords de douleur, prise aux tripes. Je refuse de sortir du lit. La chape bétonnée me paralyse. Comment honorer mon rôle de mère moi qui doute autant, qui me sent si fragile, si blessée, si loin de la famille dont je rêvais petite, parce que je m'interdis le bonheur; pour qui les pères sont absents, éloignés comme des bêtes dangereuses alors que j'apelle la sécurité d'un homme du plus profond de ma paralysie émotionnelle.Perçu de mes tracas, l'avenir est un sommet innaccessible loin de l'image que je poétisais hier.Ma vie c'est ça, des peurs en permanence qui rongent l'instant présent. Ce que je ne sais dire, c'est mon corps qui le crie, m'amenant sur l'ordinateur pour des écritures compulsives.Et en attendant, je ne construis toujours pas. A quoi ça sert d'inventer des bons moments si on ne les ressent pas? Peut-être pour épargner et faire rêver les enfants. Ce que je n'ai pas eu le droit d'avoir.Je me sens responsable et investie d'un coup. Je n'ai pas à gacher leurs rêves sous prétexte que je ne sais pas me sentir heureuse. Missionnée je pars préparer la petite famille pour une promenade festive. Mes malheurs ne sont pas les leurs. Leur bonheur aujourd'hui ne tient qu'à moi.