Peut-être, je dois l’admettre, ai-je trop tendance en contrepartie à tirer sur mes réserves. Peut-être, aussi, que j’oublie un peu trop ce si juste précepte : « qui veut aller loin ménage sa monture ». Conclusion, quand mon corps n’en peut plus, il dit violemment « stop ». Ouch.
Parce que franchement, se retrouver au lit pendant pratiquement dix jours, cela donne largement le temps de réfléchir. Un peu moins de se reposer, entre le corps qui lutte contre le virus et les quintes de toux qui empêchent de vraiment dormir, mais cela n’en reste pas moins un break forcé. Du coup, je me remets à penser aux principes auxquels j’adhère pourtant : ceux de la thérapeute Lise Bourbeau sur « les maux du corps sont des mots ». Je réalise qu’il faut peut-être que je m’accorde un peu plus de pauses dans mon rythme intense. Je découvre aussi l’aspect chronophage de l’ordinateur, sur lequel j’ai forcément toujours quelque chose à faire, à voir, à vérifier tant que je ne l’ai pas éteint. Je réalise aussi que ne pas pouvoir dire « oui » à tout et à tout le monde me donne l’impression de ne pas être productive ou efficace. Je découvre enfin cette propension à croire qui si je ne fais pas ce qu’on me demande dans l’heure qui suit, je pourrais passer pour indolente. Bref, c’est dans ces moments où je comate sous la couette, sans force, que mon corps me fait passer des messages et que mon cerveau les transcrit trèèès clairement. De façon limpide. Et au cas où je ne comprendrai pas tout à fait le message, et que j’essaye de me remettre un peu en activité, bam, rechute. Ne riez pas, cela m’est arrivé deux fois ces dix derniers jours !
Donc, c’est bon, j’ai compris (pour cette fois-ci en tout cas) la leçon. Il faut être à l’écoute de son corps. De sa fatigue quand on en fait trop. De son biorythme qui a besoin de vraies pauses. De son cerveau qui a besoin de respirations et de plages de vide. De son corps qui a besoin d’être chouchouté sans que ça soit exceptionnel. Et, surtout, de se déculpabiliser de ne pas être Super-Woman. Bref, savoir prendre soin de soi, avant de se retrouver pris en otage par le corps qui décide abruptement que, non, là, vraiment, ça suffit… Et le pire, c’est qu’il a raison.