Magazine Journal intime

Gérard Merle

Publié le 28 janvier 2008 par Stella

C’est un homme étonnant, qui bouillonne d’une vie à multiples facettes. Pressé d’entreprendre, pressé de changer d’air, toujours entre deux portes, il embrasse beaucoup mais pour quel genre d’étreinte ? Le mouvement perpétuel qui anime Gérard Merle est un défi au temps, un pied de nez qu’il fait à la maladie qui le grignote inexorablement depuis 1977. Pompe à morphine, pile insérée dans sa chair, perfusion hebdomadaire, le protocole est lourd mais il le supporte avec une allégresse déroutante.

Cet homme n’est pas un “bleu”. A 62 ans, il a davantage vécu que nombre de ses contemporains. Fils d’un très jeune résistant engagé dans la 2ème D.B. du général Leclerc, enfant de troupe rebelle, il se fait d’abord remarquer par son engagement au sein du Service d’action civique (SAC) dirigé par Charles Pasqua. Ce service d’ordre, créé en 1959, est une structure parallèle, “entièrement dévouée à la personne du général De Gaulle, composée d’hommes sûrs, éprouvés, prêts à des opérations d’infiltration dans la police, les administrations et, si nécessaire, à des actions violentes. Et nous les jeunes, nous avons aussi notre rôle à jouer”, écrit Gérard Merle dans son livre, Un militant exemplaire au coeur de la Chiraquie, paru en 2001. Il a démarré fort dans la vie : agent de renseignement et d’action pour le réseau Foccart en Afrique. D’où son excellente connaissance du continent et de ses dirigeants et, certainement, des arcanes de certains coups tordus qu’on a eu le plaisir de vivre à l’intérieur de la Françafrique. Par la suite, il va être, comme le dit son livre, un militant exemplaire au service de Jacques Chirac, notamment à la mairie de Paris en 1977 et 1992.

Gérard Merle est un bâton de dynamite, au sens propre comme au sens figuré.

Les Chiraquiens de tout poil ont dû s’en rendre compte lorsque Merle a publié son livre, qui révèle les grands et les petits secrets de la chiraquie. Pas joli-joli mais diablement passionnant. Où l’on revoit à l’oeuvre Pierre Juillet, petit Machiavel de Matignon et Marie-France Garaud. Un tas de figures connues ou moins connues, qui toutes ont eu de près ou de moins des démêlés avec la justice, surtout du temps des “petits juges”, ceux qui ont eu le courage de croire à fond à l’indépendance de la justice.

Depuis qu’il habite en Corrèze, Gérard Merle s’est engagé dans de multiples activités associatives, qu’il mène tambour battant comme s’il avait toujours 20 ans. A ses côté, et comme s’il lui fallait une exacte opposée, il a son épouse, dentellière. Avec une amie, elle s’est efforcée de faire revivre un art menacé de totale disparition : le point de Tulle. Elle travaille aujourd’hui exclusivement pour ses clients connus : elle brode des nappes, des draps, des services à thé et, pour l’ordination future d’un petit-fils de la région, un surplis…

Dans la maison de Gérard Merle, les murs et les meubles sont tapissés de souvenirs de voyages, marionnettes balinaises, statuettes africaines. Si l’on y regarde de près, on peut y percevoir un certain parcours.  L’homme a certainement plus d’un tour dans son sac, mais l’heure n’est plus à la surprise. D’une affabilité extraordinaire, drôle et attachant, il se révèle un extraordinaire camarade. On ne peut regretter qu’il ne se pose jamais plus de 5 minutes sur la même chaise. Sauf si, poussé par sa vitalité et son amour du prochain, il ne saute dans son automobile pour raccompagner vers une gare éloignée l’étrangère de passage…


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