Que de cris. Que de cris inutiles. Tu sais, oui, tu sais ce que je t’ai dit et tu crois savoir tout ce que tu as préféré ajouter à force de « parce que ». Ah ce « parce que », c’est mon ennemi, c’est un assassin qui sert à introduire tant de fausses et mauvaises pensées.
Je t’ai raconté beaucoup mais pas assez et quand tu as lu ce que j’aurais dû lire moi-même avant de te le laisser, tu t’es arrêtée sur quelques détails. Certains sont la réalité, d’autres ont été ajoutés quand je voulais faire de cela un roman et non un simple récit de faits qui s’étaient produits. Tu n’as pas su, tu n’as pas voulu trier et tu n’as pu t’empêcher d’enrichir encore ces moments peu glorieux d’autres détails, les enfants de « parce que », qu’au fil du temps tu as fini par intégrer à l’édifice, ils en sont même devenus la clé de voûte.
Te rappelles tu ce soir d’octobre quand je t’ai parlé d’elle ? Elle, mais était-ce de celle que j’avais nommée Raphaëlle ou de l’addiction que je voulais te parler ? Tu sais bien que ce n’était pas de la femme. Je voulais te dire que j’en étais sorti, que j’étais guéri, que j’étais prêt. Tu m’as laissé croire que tu comprenais ce que je disais, tu m’écoutais et tu as voulu lire ce que j’avais écrit. Tu m’as menti à ton tour, puis tu t’es menti à toi-même.
Car elle est partie. Je sais bien que ce pourrait n’être qu’une rémission, que le mal pourrait revenir. J’espérais que cette fois tu m’aiderais. Tu m’a laissé le croire, et tu as préféré ne voir que ce qui te convenait, ce qui excusait tout ce que toi, dans un autre registre, tu avais fait depuis si longtemps. Il est temps d’arrêter ce jeu.
Oui, si elle est partie, l’addiction, c’est parce que j’ai aimé cette femme qui m’a donné, un temps, l’affection que tu avais laissée je ne sais où, très loin. Car l’addiction ne pouvait être vaincue sans que l’amour me fasse voir sa face cachée. Crois-tu que Raphaëlle faisait tout cela par plaisir ? ou même par intérêt ? Elle savait depuis bien longtemps que je ne serais jamais l’homme riche qui la sortirait de cette vie repoussante où elle était. Au fond, nous étions seuls, elle et moi, quand nous avons dérivé ensemble, quand quelques évènements ont fait basculer cette histoire du sordide à la lumière. Si tu lis cela, tu penseras que je l’aime encore et la colère te gagnera. D’une certaine manière, tu as raison, et je lui conserverai mon affection. Car, grâce à elle, même si je sais que rien n’est gagné, je sais combattre cette addiction qui m’a si longtemps terrassé sans que je sache lui répondre. Quoique tu es penses, quelles que soient tes certitudes, il n’y en a pas eu d’autre.
J’aurais voulu te retrouver. Mais tu n’y croyais pas. Te voyais tu libre ?
Comment te dire ce que tu ne veux pas entendre. Je t'aime.