Que les éditeurs crachent sur l’auto-édition c’est une chose. Qu’ils l’accusent de médiocrité, de sous-littérature s’en est une autre. C’est l’histoire d’une paille…
Parce que les livres n’existent que s’ils sont lus. Et les bouquins auto-édités grâce à internet, sont de plus en plus facilement accessibles et donc achetés ou lus. Qui sont les gens qui lisent ? Des internautes, des gens comme vous et moi. Enfin, moi, je me tourne plus facilement vers les livres d’éditeurs que vers l’auto-édition. Non pas que je trouve que ça soit une mauvaise chose (j’auto-publie numériquement quelques unes de mes oeuvres) mais que j’ai eu beaucoup de déception. Dans le monde « édité » j’en ai eu moins.
Mais je suis devenue beaucoup plus critique. Parce que ça m’est arrivé de lire de romans pas extraordinaires, à peine mieux que ceux d’auteurs auto-publiés, voire moins bien que des premiers jets et des brouillons de roman écrits par des connaissances !
Le mauvais lecteur, c’est celui qui ingurgite les livres avec indifférence. Attention, je ne parle pas des boulimiques qui prennent tout ce qui leur tombe sous la main ! Le boulimique n’est pas un mauvais lecteur s’il arrive à rester critique sur ce qu’il lit.
Moi par exemple, il m’arrive de faire des orgies de lecture. Je me plonge tête baissée dans des séries de Bit-lit par exemple. C’est pas très bon, j’ai déjà lu mieux ou plus original, mais je SAIS la qualité que ça a. Je ne prend pas pour du foie gras, ce qui est une terrine forrestière ou un simple pâté de foie ! Et c’est pas parce que j’ai pris plaisir à lire les 8 tomes de la Confrérie de la dague noire (ça pète hein comme titre !) et que je lirais sans doute le 9ème tome dès sa sortie américaine, que je vois ça comme de la littérature : c’est toujours la même chose, c’est crémeux et sans une grande originalité, mais j’ai lu pire. C’est de l’artisanat, et pas du meilleur. Au moins, ça me vide la tête. Je reste lucide là dessus ! (je précise que j’ai même lu des « productions industrielles » qui là n’ont plus rien à voir)
Le mauvais lecteur, c’est celui qui élève les mauvais romans au-dessus des autres. C’est celui qui ne fait plus la différence entre ce qui est bon, original, novateur et ce qui n’est que la répétition d’un schéma vendeur.
Or, l’éducation du lecteur, c’est la responsabilité des éditeurs. Ce sont eux qui choisissent, qui publient et diffusent les romans. Encore aujourd’hui, l’auto-édition reste minoritaire. Ce qui fait le mauvais lecteur, c’est les mauvais choix éditoriaux : remplacer la qualité littéraire par la quantité commerciale. A force de vouloir leur refourguer n’importe quoi à tout prix, le lecteur y devient accro. Certes, mais pourquoi irait-il payer parfois assez cher, cette mauvaise drogue quand il peut l’avoir pour presque rien ? (certains ebooks auto-édités ont des prix très bas, voire sont gratuits, quand ceux des éditeurs coûtent aussi chers qu’un livre papier !)
Que les éditeurs n’aillent pas se plaindre de ça… c’est eux après tout qui ont lancé le mouvement en publiant sans vraiment s’intéresser au contenu. Les bons éditeurs, ceux qui font correctement leur travail n’ont pas à craindre ça, car il existe aussi de bons lecteurs qui recherchent la qualité !