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Agenda d’un burn-out

Publié le 05 mars 2011 par Gintonhic @GinTonHic

NOËL

On a eu un automne de fou au travail! Tous sont crevés, moi y-inclus. La période des Fêtes est attendue avec impatience. Enfin, on va pouvoir se reposer! Mais quelqu’un doit garder le fort pendant cette période festive.

Tiens, pourquoi pas moi? Je n’ai rien d’excitant à faire. Pas de chum. Pas d’enfant. Aussi bien travailler. Et puis, ça va passer le temps. Je prendrai des vacances quand j’aurai quelque chose d’intéressant à faire. Passer deux semaines chez moi à ne rien faire, c’est perdre mon temps et, surtout, mes vacances. Et puis, au bureau, ce sera sûrement très tranquille. Je vais être seule.

ERREUR!

Justement, parce que tout le monde est en vacances, je me ramasse avec tous les problèmes de coordination pour l’ouverture d’un nouveau bureau.

Envoye la folle! Cours pour tout régler. Le temps passe plus vite. C’est ça que je voulais!

JANVIER – FÉVRIER

Une autre période frénétique. Pas le temps de sortir avec les amis, prendre un ti-verre.

J’ai deux cours à l’université, dont six travaux à remettre dans le même mois. Et ce, sans compter les 130 heures de travail que je fais par semaine. Le nouveau bureau ouvre en mars prochain.

 MARS

Je n’ai pas eu besoin qu’on me demande d’annuler mes vacances de mars. Je suis plus intelligente que ça. Je les ai annulées moi-même.

Ça ne prenait pas la « tête à Papineau » pour voir que ce n’était pas le temps de partir. Le bureau a besoin de moi. Au diable le petit voyage dans le Sud!  J’irai skier pas loin le mois prochain. Le ski de printemps, c’est tellement agréable!

Mes amis me trouvent un peu fatiguée.  

Fatiguée, moi? Jamais de la vie!  Je déborde d’énergie. Oui, oui! Aye! J’ai une boule d’énergie en dedans. J’ai beau aller au gym presque chaque jour, je n’arrive pas à brûler cette boule-là.  

Alors, aux grands maux les grands moyens.

Je me prends un stationnement payant près du bureau. De cette façon, je n’ai plus à partir tôt le matin pour me trouver une place de stationnement dans la rue. Je fais une pierre deux coups : je diminue le nombre d’heures que je travaille et, au lieu de me lever tôt pour aller travailler, je vais au gym. 

Quel bonheur que de ne pas être prise dans le trafic du matin! Et de faire plus d’exercice. Le gym a installé de nouveaux appareils aérobiques. Il y en a pour courir. Ça va certainement m’aider à brûler cette fameuse boule d’énergie qui me suit partout.

AVRIL

Ça fait trois semaines que je cours quarante-cinq minutes par jour, cinq jours semaines, en plus de mon entraînement aux poids et altères. Étonnamment, ma boule d’énergie n’est pas tuable. Au contraire, elle se fait encore plus envahissante. On dirait un volcan prêt à faire irruption. Ça me rend folle. Va-t-il falloir que je coure encore plus pour en venir à bout? Elle ne gagnera pas sur moi. Je vais courir jusqu’à épuisement s’il le faut. 

Le temps des vacances arrive. Trois belles semaines de ski de printemps. 

Ma nouvelle patronne me demande de reporter mes vacances à l’an prochain. Elle, elle part en vacances. Elle me dit qu’elle se sentirait l’esprit plus tranquille si c’était moi qui m’occupais du bureau pendant son absence.

Je suis flattée. Je lui dis que je vais voir ce que je peux faire et qu’on s’en reparle le lendemain matin.

Le lendemain matin, ma boule veut m’arracher le cœur. Je cours de plus belle. 

Une fille court sur la machine à côté de moi. Je lui raconte la demande de mon patron. Elle me parle de burn-out.  

Ça me décide. Je prends deux semaines de vacances et j’accepte d’en reporter une. Après tout, je peux bien en reporter, j’ai le don de tomber malade à chaque fois que je prends des vacances. Faut croire que je suis allergique aux vacances.

Des vacances comme je les aime.

Ski, ski, ski. Sorties, sorties, sorties. Du  plaisir!

La boule d’énergie en a pris un coup. Elle s’est calmée un peu. Les quelques nuits blanches ont eu raison de son acharnement.

MAI – JUILLET

Chaque semaine, je fais ma valise et je pars travailler à deux heures de Montréal. Je reviens la fin de semaine pour suivre un cours à l’université.

J’ai un peu moins de temps pour l’exercice. J’ai moins d’énergie ; ma boule se fait moins pressante. Ça doit être pour ça que je suis souvent étourdie. 

Le printemps est magnifique. Il fait chaud. J’en profite pour manger sur des terrasses avec des amis. La vie est belle. Pourtant, je pleure tout le temps.

Mes amis me disent que j’en fais trop et que je suis probablement fatiguée.

Peut-être?

AOÛT – SEPTEMBRE

Je pleure encore. Pourtant, tout va bien.

  • J’ai un bon travail que j’aime.
  • Je cours chaque jour.
  • J’ai trois cours à l’université dans lesquels je tripe.

Ma boule d’énergie revient en force!

Mais ce vide que je ressens, cet immense vide sans fin. Et puis, cette noirceur. Je ne sais pas ce qui m’arrive. Non. Je ne sais vraiment pas… 

Agenda d’un burn-out


Filed under: La bêtise humaine, Mes délires et autres folies, Non classé, Parlons-en, Québec Tagged: autofiction, épuisement, entreprise, femme, maladie, santé, société, travail

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