Dans l'Église
russe et dans celles qui suivent l'ancien calendrier, la fête de
l'Invention du chef du saint prophète, précurseur et baptiste Jean
tombant cette année mercredi prochain — c'est-à-dire sur la première semaine du
Grand carême — le typikon prescrit de déplacer cette fête le dimanche
d'avant (dimanche du Pardon, qui commémore l'exil d'Adam) ou le samedi suivant
(jour de commémoration du saint mégalomartyr Théodore Tyron).
Si le typikon propose deux dates, cela signifie qu'il est laissé une
certaine liberté aux monastères et aux paroisses. Notre abbé a choisi de
célébrer saint Jean aujourd'hui, dimanche du pardon.
Dans l'Église orthodoxe russe, il existe deux ouvrages qui détaillent le
déroulement des offices — une aide appréciable, en particulier pour les
paroisses et leurs chefs de chorale. Ces deux ouvrages sont les Indications
liturgiques (Богослужебные указания)
éditées par le patriarcat de Moscou (avec des prétentions
scientifiques évidentes : les notes sont parfois plus volumineuses que
le texte lui-même), et le Calendrier du monastère de la Sainte-Trinité
de Jordanville
(Троицкий календарь), édité par l'Église orthodoxe russe hors frontières.
La différence entre ces deux «calendriers» réside dans le fait que le premier
propose l'ordonnancement des offices pour tous les jours de l'année, alors que
le second se limite aux offices du dimanche, des fêtes, etc. — en un mot à ce
qui est nécessaire aux paroisses.
Mais ce n'est pas la seule différence. L'Église hors frontières a ses
traditions, en particulier pour ce qui concerne la commémoration de certains
saints nouvellement glorifiés. L'Église de Russie recherche les siennes.
Il se trouve que pour la fête qui nous intéresse, les deux «calendriers» ont
fait des choix différents. Le premier calendrier (Indications
liturgiques) a choisi de célébrer saint Jean samedi prochain, alors que le
second (Calendrier du monastère de la Sainte-Trinité ) a choisi de le
célébrer aujourd'hui.
Certains aimeraient que les deux parties de l'Église russe maintenant réunies le soient aussi dans ce domaine, mais il me semble qu'il est préférable de respecter l'esprit du typikon (que certains nomment ironiquement tupikon : tupik en russe signifie impasse !) qui donne une certaine liberté aux paroisses et aux monastères. Malheureusement, ces calendriers ressemblent souvent à des diktats, bien qu'il ne soit pas rare d'y trouver des erreurs — errare humanum est ! — ou des choix qui changent d'année en année.