Je m’apprête à traiter d’une période particulièrement sombre et complexe de l’histoire de l’Ecosse… Celle de la première guerre d’indépendance pendant laquelle les loyautés seront conditionnelles dans les Lowlands, et la parole donnée reprise sans scrupule. En comparaison, les Highlands et les Hébrides turbulentes sembleront empreintes de loyauté, aussi paisibles que de l’eau qui dort. Néanmoins… C’est entourée de documents, et avec précautions, que je souhaite vous raconter la première partie de la vie de Angus Og.
Son père, Angus Mor MacDonald, mourut en 1300, dans un royaume d’Ecosse régi par la main de fer d’Edward Ier d’Angleterre. A l’égal de ses cousins MacDougall, il avait pris parti, en 1290, pour son voisin de Lochaber, John Comyn. Puis, comme bons nombre de seigneurs écossais, il avait prêté allégeance au roi d’Angleterre lorsque celui-ci avait fait main-basse sur la Pierre de Scone.
Contrairement au seigneurs d’Ecosse, il est difficile d’accuser Angus Mor de traîtrise ou d’absence de patriotisme. Rappelons qu’en 1663, il a combattu Alexander III et a été contraint de rendre les armes après que son suzerain Magnus VI de Norvège, lui ait vendu les Hébrideset l’île de Man. Pour Angus Mor, les rois d’Ecosse et d’Angleterre ne sont que deux envahisseurs étrangers, aux coutumes incompréhensibles. L’orientation de son choix est certainement due fait que le premier a pris son fils cadet en otage pour s’assurer de sa loyauté, tandis que l’autre lui a offert des terres.
A la mort d’Angus Mor, son fils aîné, Alasdair, hérita de son fief d’Islay ainsi que de plusieurs territoires en Argyll. Son benjamin, Angus Og, s’installa dans la péninsule de Kintyre, au château de Saddle. Comme attendu, ils renouvelèrent l’allégeance des MacDonald au roi Edward qui les honora du titre d’amiral, avec la charge irréalisable d’aider l’Angleterre à pacifier les îles de l’ouest écossais.
Pendant le règne désastreux de John Balliol et l’installation de seigneurs d’origines normandes (Comyn, Campbell), lesHighlands et les Hébrides étaient en effet devenus un repère de contrebandiers et de pirates. Les MacRuairi(descendants du frère de Donald) notamment, établis à Garmoran et dirigés par une femme, avaient remis au goût du jour les pratiques de leurs ancêtres vikings, s’adonnaient aux attaques de clans et aux pillages.
Aussi, dès l’obtention de cette distinction, Alasdair d’Islay s’escrima à ramener l’ordre, se fit remercier pour ses services par des centaines de livres sterling de territoires, et entretint avec Edward Ier une correspondance régulière.
Angus Og, quant à lui, se distingua par son manque de zèle. Il lui arrivait de capturer des contrebandiers, mais les laisser échapper peu après. Ses eaux pullulaient d’ailleurs de pirates et ses côtes regorgeaient de caches.
Curieusement, contrairement à son frère aîné, aucun de ses écrits n’indiquera que le vol de biens ou l’attaque de son clan. Peut-être Angus Og avait-il conclu un marché avec les hors-la-loi ? Ou bien était-il un pirate et un contrebandier lui-même ? Rien ne le prouve. Il pourrait aussi bien être un chef négligent et permissif, sans intelligence, loyauté ou but… Les historiens l’auraient sans doute décrit ainsi si, en 1306, une personnalité tenant à l’anonymat ne lui avait pas permis révéler des qualités de chef de guerre digne de son aïeul Somerled.
Enigme historique : qui était cette personnalité secrète ?
Question subsidiaire pour Philippe et Gaelle qui ont brillamment franchi le niveau 1 de mon jeu d’énigmes : où se dissimulait cette personnalité avant de trouver refuge chez Angus Og ?