ANGUS OG et ROBERT BRUCE

En connaissant la grande destinée de Robert Bruce à l’issue de la bataille de Bannockburn, il est difficile d’imaginer combien, en automne 1306, il pouvait être désespéré, misérable et aux aboies. En répondant à la question subsidiaire de mon énigme historique, vous comprendrez à quel point lui apporter son soutien durant cette période pouvait s’avérer dangereux, voire suicidaire.

Notons qu’avant 1306, Robert Bruce était vassal roi du Edward Ier d’Angleterre, mais qu’un acte sacrilège, commis en février, l’avait obligé à se faire couronner roi d’Ecosse, provoquant ainsi la fureur du véritable seigneur et maître du royaume.

Depuis, sa tête était mise prix, ses rivaux souhaitaient sa chute et toute l’armée anglaise était à sa poursuite.

C’est donc en fugitif, contraint de vivre comme une bête sauvage, sans doute effrayé, affamé et transi de froid, que Robert Bruce débarqua, en automne, sur la péninsule de Kintyre.

Avant de le mener au château de Saddle, ses deux fidèles – le comte de Lennox et le seigneur Neil Campbell – avaient du être au fait du caractère autonome d’Angus Og. Toutefois, ils ne prévoyaient certainement pas le coup de foudre et l’amitié indéfectible que le chef de Kintyre éprouverait pour le roi d’Ecosse, dès le premier regard.

On ne peut expliquer autrement la prise de position d’Angus Og pour Robert Bruce. Comme son père et son grand-père, il n’avait jusqu’alors éprouvé aucun patriotisme pour l’Ecosse. De plus, la situation fâcheuse dans laquelle se trouvait son visiteur exigeait qu’on réfléchisse à deux fois avant de l’inviter à sa table. Enfin, lui accorder son soutien signifiait s’opposer à la majorité des clans highlanders et îliens, vassaux d’Edward d’Angleterre, ainsi qu’à son frère aîné amiral.

Angus Og, qui s’était distingué par son manque de zèle, commença donc par loger Robert Bruce en son château de Saddle. Puis, il le fit passer tout au long de l’hiver de caches en forteresses, dont Dunaverty à l’extrême sud de Kintyre et Rathlin près de la côte d’Antrim. Dans le même temps, il renoua des liens avec sa cousine Christina MacRuairi – chef (féminin) du clan pillard et contrebandier de Garmoran – afin de la convaincre de rallier la cause de Robert Bruce.

C’est ainsi qu’au printemps 1307, un étrange trio se forma – composé de Robert Bruce, Christina de Garmoran et d’Angus Og de Kintyre – à la tête d’une armée de guerriers highlanders, rebelles, pirates, naufrageurs et hors-la-loi.

Enigme historique : Quel acte sacrilège, méritant l’excommunication et l’emprisonnement, força Robert Bruce à s’emparer du trône d’Ecosse ?

Question subsidiaire pour Gaelle et Philippe : Avant de prendre la fuite vers les Highlands, Robert Bruce envoya sa famille et ses proches se réfugier dans le nord. Où exactement ? Qu’advint-il d’eux ?