Pas parce qu'il était un ventripotent fumeur de cigares au célèbre "V" de la victoire.
{mode parenthèse : on}D'ailleurs, savez-vous d'où vient ce signe du "v" avec les doigts ?
Petite digression qui m'amuse et dont je ne connaissais qu'une partie de la signification jusqu'à il y a peu.
Donc l'index et le majeur levés en forme de "V" datent de la guerre de Cent Ans.
En effet, après la bataille de Crécy, espèce de Waterloo du Moyen-Age, les soldats français qui faisaient des archers anglais prisonniers leur coupaient le majeur pour les empêcher de tirer à l'arc et brandissaient le doigt ainsi coupé au nez et à la barbe des britons (d'où la symbolique du doigt d'honneur).
En contrepartie de quoi, quand les archers anglais avaient encore les deux doigts nécessaires au tir à l'arc, ils les brandissaient au nez et à la barbe des Français en signe de "victoire"...
Voilà, voilà...{mode parenthèse : off}
Pour en revenir à nos moutons ou, plutôt, à notre vieux lion, je l'ai d'abord admiré parce qu'il est quand même l'un des artisans les plus importants dans la victoire de 1945, qu'il était le symbole de la résistance britannique aux nazis.
Ensuite, chauvinement, parce qu'il avait fait des pieds et des mains pour que la France soit intégrée au clan des pays vainqueurs en 1945 et que c'était un francophile convaincu.
Puis, parce que j'ai appris qu'il était du genre pitbull quand il avait une idée en tête et que, par conviction, il avait changé de parti politique puis démissionné. Et ça me plaît comme attitude chez un politique.
La lecture de cette biographie, quoique très longue (plus de 700 pages), est absolument passionnante.
Elle est très bien écrite ce qui fait qu'on la lit très facilement, un peu comme un roman, sauf que c'est une biographie pure et dure.
J'ai bien aimé également qu'elle ne soit pas un livre à la gloire de Winston Churchill, même si on voit très bien l'admiration que François de Kersaudy lui porte. J'ai aimé découvrir ses erreurs, ses travers, ses défauts.
Finalement, c'était un grand homme mais pas un surhomme !
Et pas seulement pendant la seconde guerre mondiale.
L'Angleterre lui doit énormément quant aux réformes sociales de 1906.
C'était un visionnaire, un stratège qui n'avait peur de rien et qui était toujours pressé et suractif.
Moyennant quoi, il n'allait pas forcément au bout des choses dans son impatience à agir.
Il avait des lubies et ne voulait pas en démordre, quitte à s'en mordre les doigts plus tard.
On apprend à quel point il s'était fourvoyé et déculotté dans sa relation avec Roosevelt.
On apprend aussi qu'il refusait toujours d'humilier ou de punir les vaincus, préférant être clément car il pensait que cela évitait au chien de mordre la main de son maître. A la fin de la première guerre mondiale, il s'était opposé à l'humiliation de l'Allemagne, disant qu'elle le ferait payer...
On apprend aussi que bien des choses de notre histoire contemporaine se sont jouées à des hasards, à des coups de chances, à de petits détails insignifiants.
On comprend également ses différends avec de Gaulle malgré la nécessité de collaborer qui s'est faite plus de force que de gré.
On a plus de mal à pardonner les erreurs concernant la Yougoslavie, la Pologne et les pays du bloc soviétique ou son soutien à Darlan mais certaines s'expliquent par le fait que c'était un naïf qui pensait que les grands chefs impliqués avec la Grande-Bretagne dans la guerre contre Hitler étaient forcément des hommes droits, honnêtes qui tiendraient leurs engagements envers lui parce qu'ils étaient tous dans le même bateau...
Donc, malgré ses défauts et ses erreurs, je vais continuer d'admirer ce grand homme, tout en en connaissant plus sur lui, loin de la seule image d'Epinal que nous en fournissent les livres d'histoire. Un véritable homme d'Etat pur jus qui avait pour ambitionla chose publique et non son profit personnel, qui avait une faculté d'anticipation et d'analyse hors du commun (ce qui, encore une fois, n'exclut pas les erreurs), qui avait une droiture d'esprit assez rare dans ce milieu pour le noter mais aussi un homme impatient, colérique, irréaliste (parfois), hyper-actif, colonialiste.
Roosevelt dit de lui : " Winston a cent idées par jour, dont trois ou quatre sont bonnes ; le malheur, c’est qu’il ne sait pas lesquelles " et ça n'était pas si faux...
A bientôt !
La Papote