Caille caille arrêt

Publié le 29 janvier 2008 par Anaïs Valente

Après vous avoir narré leur jeu du « cache cache arrêt », voici venu le moment de vous parler de leur nouveau jeu, le « caille caille arrêt ».
Evidemment, c’est un jeu qui ne fonctionne qu’à certains moments de l’année : quand ça caille.  Ou quand ça pleut.  Heureusement, en Gelbique, c’est souvent le cas.  D’une logique implacable, n’est-ce pas ?  Encore mieux : quand c’est l’heure de pointe ET que ça caille ET que ça pleut.  Là, c’est le summum de la drôlerie.
Ainsi donc nos amis chauffeurs s’amusent.  Pourtant, on ne le dirait pas souvent, vu leur tirage de gueule quasi permanent.  Il est de notoriété publique que l’argent des infractions constatées est partagé entre les chauffeurs.  Mais ça ne leur rend pas le sourire.  Et je soupçonne qu’une mini caméra les surveille afin de s’assurer qu’ils ne sont pas trop sympas avec les voyageurs.  Car trop de sympathie nuit.  Trop de sympathie engendre le laisser-aller, la convivialité et par conséquent la fraude.
Caille-caille arrêt, donc, est un jeu d’une simplicité rare (ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, je ne dis pas par là que c’est un jeu réservé aux simples d’esprit, mais… maintenant que vous le dites…) : il s’agit, par grand froid, de laisser les voyageurs le plus longtemps possible à l’extérieur du bus, par un procédé lui aussi d’une facilité déconcertante : n’ouvrir qu’une porte sur deux.
Ainsi, les voyageurs entrent au compte-goutte, s’écrasent les petons, se poussent, se tirent, se râlent dessus et vocifèrent.  Les non-abonnés ralentissent les abonnés en recomptant leur monnaie ou en cherchant leur carte toute pliée au fond de leur poche, carte qui n’entrera ensuite bien sûr plus dans la machine à carte (comment qu’ça s’appelle ?).  Les abonnées pestent sur les non-abonnés qui ne sont jamais suffisamment minces que pour les laisser passer.  Bref, c’est l’ambiance ambiance, de grand matin.
Bien sûr, le jeu est d’autant plus rigolo que la météo est solidaire : s’il pleut, c’est le délire assuré, s’il neige c’est la frénésie, on distingue même un début de sourire sur le visage du chauffeur.  Et s’il y a foule et qu’il gèle, c’est la cerise sur le gâteau.  
Keskon se marre dans les transports en commun ma bonne dame.
Alors moi, c’est décidé, quand ils zouvrent qu’une porte, et ben je dis pas bonjour.  Je sais, ça leur fait beaucoup de mal, cette indifférence de ma part.  ça leur gâche indubitablement la journée. Mais c’est ainsi.  Je serai intraitable.  Intraitable.