Dojoji & autres nouvelles, de Yukio Mishima

Publié le 09 mars 2011 par Missbabooshka

Dojoji & autres nouvelles
(1983, traduction française)
Yukio Mishima
(Japonais)
Folio 2euros
127 pages

* Dojoji : une armoire étrange grande comme une chambre, deux couples, des hommes, une danseuse, la Beauté, un suicide, un meurtre, la jalousie, le désir, le desespoir, la douleur, l'argent ...

¤ Une belle histoire à la frontière du fantastique, en tout cas teintée d'un fort onirisme. J'ai été touchée par la détresse de la jeune danseuse, je n'ai pu m'empêcher de sourire en découvrant les attitudes des acheteurs ... J'ai été charmée par cette nouvelle qui se finit par un brutal retour à la réalité.

* Les Sept Ponts : des geishas, un rituel, des rites, le silence, des rencontres, la différence, la faim, la solitude, l'amitié, la colère, la déception, les souhaits, l'Amour, l'obsession, la nuit, des ponts, la ville  ...

¤ Nouvelle assez amusante, mais pourtant pas si légère que cela quand on s'attarde à ce qui se dissimule entre les lignes ... Cette immersion dans le mondes des geishas, mais aussi cette découverte d'un rituel au charme désuet m'ont beaucoup plu.

* Patriotisme : un soldat, sa femme, patriotisme, suicides (seppuku), fidélité, désir, Amour, Beauté, jeunesse, amitié, virilité, féminité, douceur, cruauté, douleur, sang, violence, âpre, émouvant, rituels, sérénité, spiritualité ...

¤ Un peu plus de mal avec cette nouvelle, du fait de la violence (le héros meurt comme l'auteur d'un suicide par éventrement, ce qui crée un espèce de malaise) et du désir sexuel  exprimés d'une manière assez crue. Pourtant, je me suis attachée aux personnages & j'ai été touchée par leur sort. Un avis en demi-teinte donc.

* La Perle : amitié, coquetterie, relations entre femmes, symboles, une perle et un gâteau d'anniversaire, la culpabilité, la compassion, l'incompréhension, le changement, psychologie féminine ...

¤ Un contre moralisateur sur l'amité, piquant, drôle et juste. Idéal pour finir ce recueil sur une note plus légère.



Challenge In The Mood For Japan : 1/3

Challenge Nécrophile : 1 et demi /4 >>> suicide (un peu particulier tout de même)

Au cours de l'année 1970, Yukio Mishima achève sa tétralogie La Mer de la fertilité avec son quatrième tome, L'Ange en décomposition. Le 25 novembre, il poste à son éditeur la fin de son manuscrit puis se rend au Ministère des armées accompagné de quatre jeunes disciples. Au deuxième étage de l'École Militaire du quartier général du Ministère de la Défense, quartier d'Ichigaya à Shinjuku (Tokyo), aujourd'hui Mémorial des forces japonaises d'autodéfense, il prend en otage le général commandant en chef des forces d'autodéfense et fait convoquer les troupes : il leur tient alors un discours en faveur du Japon traditionnel et de l'empereur. La réaction des 800 soldats est vite hostile. Devant les huées, il se retire vers 11 h. Suivant le rituel, Yukio Mishima se donne la mort par seppuku (& non hara-kiri); son kaishakunin, un des membres de Tatenokai Masakatsu Morita, devait accomplir la décapitation mais devant ses difficultés (il tremblait), c’est Hiroyasu Koga qui termine le geste. Morita suivra ensuite Mishima dans la mort. Ce coup d'éclat avait été minutieusement préparé pendant plus d'une année ; Mishima avait même décrit une action très similaire dans son roman Chevaux échappés, avec une fin tout aussi tragique. Certains ont avancé que cette tentative de coup d'État n’était qu’un prétexte symbolique destiné à accomplir le suicide rituel que Mishima avait toujours fantasmé et qu'il avait depuis longtemps prémédité et mis en scène.