Un mois plus tard, il était temps de dire quelque chose de Black Swan, récompensé aux Oscar en la personne de Natalie Portman. Après les douces méandres de la drogue (Requiem for a Dream, 2000), l’amour atemporel (The Fountain, 2006) et le retour d’un catcheur sur le devant de la scène (The Wrestler, 2008), il était clair que l’introduction de Darren Aonofsky dans le petit monde feutré du ballet, alliée à la présence de Natalie Portman, ne pouvait susciter qu’enthousiasme et attente. Et cela faisait dix ans. Dix ans que le réalisateur d’origine américaine portait ce projet de voir un jour Natalie Portman, encore étudiante à Harvard à cette époque là, incarner les deux facettes schizophrénique de l’héroïne du ballet du Lac des cygnes.
Sur fond de la musique de Tchaïkovski, Nina (Natalie Portman) est une danseuse dirigée par Thomas Leroy (Vincent Cassel) pour le compte d’une prestigieuse compagnie new-yorkaise. Tout son travail tient dans l’espoir de pouvoir un jour tenir le rôle à double face du cygne : à la fois blanc et noir, tour à tour innocent puis tourmenté. Un rôle convoité qu’elle réussira à avoir à la surprise générale. Alors qu’elle n’est qu’une adulte emmitouflée dans une chambre de petite fille pleine de peluches et de couleurs criantes, Nina (ou niña en espagnol) va alors progressivement devoir être confrontée à son double mystérieux, entre transformation physique et actes bien loin de toute innocence enfantine. Un descente aux enfers comme les aime Darren Aronofsky.
Mêlant caméra au poing et mise en scène classique, le réalisateur s’éprend de l’ambiance d’un monde peu connu du grand public en y introduisant sa marque, notamment par des références aux films d’horreur, et réussit à à reproduire, sans trop s’enfoncer dans les clichés, les caractéristiques propres au Ballet d’Opéra. Le choix de prendre Natalie Portman n’en est que plus naturel. Cette dernière, habituée aux rôles de filles et de femmes confrontées à la dure réalité (Léon ; Ma mère, moi et ma mère ; Closer), trouve enfin dans ce rôle titre l’occasion de délivrer tout son talent sans aucune fausse note. En effet, alors que scénario pouvait tomber dans le grandiloquent et l’absurde tant le film préfère les sensations aux émotions, Darren Aronofsky donne au scénario une force et une tension tout au long des 1h43 du film.
Un lien intéressant sur le cas Black Swan, ici même.