Elle est refermée, oui. Je ne sais même pas pourquoi j’ai gardé un « peut-être » dans mon post d’hier. On aurait pu la claquer, violemment, mais claquer une porte pendant des semaines, des mois, c’est un peu difficile. Alors elle s’est fermée, doucement, inexorablement.
Je sais bien qu’elle n’a été entrouverte que par une suite de malentendus, de hasards qu’on verra heureux ou désastreux selon le point de vue. Tout était déjà fini au début de l’été, je le vois aujourd’hui mais il a fallu ce regain au mois d’août quand, le savait-elle, elle jouait avec moi qui ne le savais pas, parce que je ne le voulais pas. Car en réalité je savais bien, même ce jour où elle s’est rapprochée de moi jusqu’à me dire qu’elle avait envie qu’on se retrouve encore une fois, sans ajouter rien qu’une fois. Cela n’a pas été, cela ne pouvait plus être.
Voilà, maintenant, la porte est tout à fait refermée. Est-elle solide ? Serait-elle de verre que cela n’y changerait rien, s’ouvrirait-elle que probablement personne ne la franchirait plus. L’affection restera, du moins pour moi, et peut-être, je le crois, aussi pour elle, à cause de quelques moments qui ne peuvent s’oublier. Mais la porte de l’amour, elle, est refermée. Nous ne l’avions, imprudents et inconscients, franchie que par effraction.
Des regrets ? J’en ai eus, je n’en ai plus. J’aurais pu à certains moments faire d’autres choix, mais je sais bien que je ne le pouvais pas vraiment, que ce qui me retenait de partir dans cette voie était plus fort que je ne l’acceptais quand il fallait décider. Et puis, les regrets seraient inutiles : ce qui n’a pas été ne sera pas, et ce qui a été ne fut jamais imposé. Je reconnais quelques carrefours où j’aurais vraiment pu m’engager ailleurs, mais pouvions nous nous y engouffrer ? Un soir où j’aurais pu, dû qui sait, rester avec elle. Une nuit où j’aurais dû aller la chercher au lieu de l’attendre. Mais il ne faut rien regretter car nous en serions au même point aujourd’hui, très certainement. Nous aurions partagé quelques semaines avant de nous rendre compte que tout nous séparait. Il était déjà trop tard, bien trop tard pour nous. A vrai dire, il a toujours été trop tard.
Pourquoi dois-je aujourd’hui écrire encore tout cela, l’offrir aux yeux d’inconnus qui s’en moquent, qui ne le liront que pour conforter leurs propres errements ou s’en éviter. Je ne peux pas faire autrement, même si cela est ridiculement inutile.
Au moins, en écrivant que la porte est complètement refermée, puis-je tenter d’en perdre la clef.