Non, je n’ai aucun problème avec l’épilation

Publié le 11 mars 2011 par Paumadou
Marion m’a posé la question dans un commentaire sur L’Origine du Monde parce que j’évoquais l’affreuse pilosité débridée de la bête… (sachant qu’en plus, les lèvres sont un peu rougies… oui, ok, c’était clairement un évocation de la sexualité avant la pilosité, mais ces messieurs du 19ème ne pouvaient pas aller râler sur le fait que le modèle avait visiblement couché juste avant de poser, ces dames écoutaient… et c’est effectivement une peinture pornographique ! )Bref, j’ai eu envie d’évoquer la pilosité à travers les âges et à travers l’art ! Rapidement et sans aller dans le détail (juste le détail pileux). L’épilation a été très tôt une chose normale chez les femmes : le passé n’était pas forcément synonyme d’hirsutisme ! Oubliez la femme des cavernes et son abondante chevelure destinée à séduire le mâle qui la tirait vers sa demeure…  (Et là, je vais encore me récupérer des mots clefs tendancieux, mais c’est pas ma faute !!!)Oh et puis non ! Commençons par la femme des cavernes tiens ! La Vénus de Willendorf(magdalénien, c’est à dire la fin du paléolithique, je vous ennuie pas avec les dates)Poils sur le pubis : inexistant (et pourtant on voit bien les grandes lèvres)sous les bras ? On sait pas, sur la tête une jolie perruque… et sur les pattes alors là, c’est à vous d’aller voir de plus près Un gros plan sur un triangle pubien dessiné dans la grotte Chauvet(oui, nos ancêtres étaient déjà des obsédés du kiki !)et… TADA ! C’est tout noir, certainement une fausse blonde (bien que la théorie « vraie blonde=blonde du kiki » ne tiennent pas puisque j’en connais des qui sont vraiment blondes… mais pas de là )Ensuite chez les grecs et les romains, qu’en était-il des poilues ?La Vénus de Milo (Grèce, 100 avant JC)Visiblement, les aisselles sont nettes… Mmm… ok, c’est une déesse, mais elle devrait pas avoir des poils sous les bras ?Passons aux romainsFresque érotique de Pompéi.Je mets pas l’image directement y’a peut-être des petits yeux à ne pas choquer. Mais si vous êtes curieux, cliquez ici, ça s’affichera en grandRésultat : du poil aux aisselles peut-être, l’épilation ticket de métro, peut-être aussi à moins que ça soit intégrale… Et le poil au menton ? Euh… ouais, on dirait qu’elle a un bouc, je sais…Au Moyen-Age, les nus sont rhabillés… Sauf quelques oeuvres pourtant religieuses (Marie-Madeleine  et Eve ont toujours été un moyen de contourner la pudeur religieuse !)Sainte Marie MadeleineMagnifique sculpture en tilleul de Erhart au musée du Louvre1410 environ.Je trouve qu’elle a beaucoup de cheveux… Par contre, pas de poils au pattes !Passons, la pudeur de l’époque nous interdit d’aller soulever la mèche rebelle pour aller vérifier VanEyck – Retable de L’Agneau Mystique Panneau d’Eve1426-1432 (Cathédrale Saint Bavon à Gand – Allez voir le retable c’est magnifique !!!)Alors bien que la feuille soit présente (mais trop basse… de toutes façons, on voit mal puisque c’est dissimulé dans l’ombre)Il semblerait que la ligne brune soit marquée (elle a la pomme à la main, alors peut-être qu’elle est enceinte et que c’est déjà consommé… passons, c’est pas le sujet)Mais la pilosité n’est pas marquée ni débridée…Pourtant Van Eyck est connu pour ces détails super poussé genre des personnages de 2mm de haut! désolée de vous l’apprendre mais… Eve s’épilait les gambettes ! A la Renaissance, les poils couvrent les visages masculins…Histoire de retourner à l’antique et aux poilus, mais les femmes ?Voyons un peu ce qu’en pense Michelange dans son Jugement dernier.Sisi, je vous assure, c’est une femme. Bon passons sur le fait que Michelange dessinait les femmes comme les hommes (et qu’il faisait partie d’une frange de la population qui préférait les mecs aux femmes sur bien des aspects… Quoi vous saviez pas que Michelange était homo ? Ben voilà, vous le savez…)Bref, Madame n’a pas beaucoup de poils mais du muscle bien huilé ;)Passons à un amateur de femme alors ! Peut-être qu’on trouvera une nudité plus réaliste !Albrecht Dürer nous renseigne même sur l’artiste et son modèle avec cette petite gravure.Rien de très romantique, ni de très folichon (quoique Madame a l’air d’apprécier plus que Monsieur qui est très sérieux). C’est le problème avec la moralisation à outrance… Les nus sont de moins en moins nusEn tout cas, on voit rarement les aisselles, les jambes sont épilées sans aucun remord, quand au pubis… Feuille, cheveux, drap, voile… Grrrrr, mais s’épilaient-elles seulement ?http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html)], via Wikimedia Commons">17-18ème siècle : Disons que les nus sont uniquement des nus Mythologique ou Masculins.Rubens les représentent intégralement épilées et jusqu’à Manet et Courbet, ça restera la norme !Pourquoi ? Parce que justement en les rendant « irréelle » sorte de canon de beauté idéalisé, on s’éloigne de la représentation basique du corps et donc de sa trivialité. La morale fait qu’on peut représenter la beauté idéale, mais faire du réaliste c’est bestial et particulièrement obscène.19ème : Le style académique est roi Olà ! Attendez, je vous mets la norme, hein, pas l’exception: La Vénus de Cabanel a été encensée, récompensée et glorifiée comme le modèle à suivre, la même année que Manet présentait son Olympia. Résultat : zéro poil, pose lascive mais surtout l’anecdote Mythologique pour se rincer l’oeil ! (L’origine du monde et Olympia étaient des exceptions ! Pas du tout représentative des toiles barbouillées à l’époque)20ème siècle : la nudité est dans la vie courante, mais pas le poil. Non, parce que le poil ça reste vulgaire, obscène, pornographique (et combien de type du coup fantasment sur le fameux ticket de métro ! Je rappelle que les poils servent à quelques choses et évitent une trop forte sudation… c’est peut-être pour ça d’ailleurs que les types aiment ça : ils confondent excitation et transpiration… ouais, ça serait bien leur genre ! )Dans les autres cultures : On trouve des pinces à épiler dans l’égypte antique, les odalisques du Harem de Topkapi (qui avait le teint pâle puisque toutes ou presque étaient des esclaves importées d’Europe centrale – aïe, je vais encore me faire taper dessus parce que j’évoque un canon de beauté « peau blanche/sans poil » ) s’épilaient intégralement des aisselles aux pieds à l’aide d’un mélange d’arsenic et d’un coquillage aiguisé. Je n’ai rien contre les poils, je m’épile pas (je me rase un peu quand j’y pense… et un peu en été parce que c’est pas terrible en petite tenue des poils noirs sur ma peau blanche ou presque)Donc, non, je n’ai aucun problème avec l’épilation ou les poils, personnellement. Ce qui n’a pas été (et n’est toujours pas) le cas de tous !