Comme toujours vous posez sur nos maigres bonheurs, bémols, écharpes et garrots. Toujours ne pourrai écrire poésie qui sonne juste dans votre paysage d’absence.
Mes mots qui s’égrènent à chaque jour qui passe, ont les yeux ouverts sur un ciel qui trop souvent pleure. A chaque âme égarée sans toit ou sans papier, reconduite à vos frontières d’aveuglement, je répondrai par une salve d’espérance, car lucide sur ce qui est.
Paradoxe du poète que d’avoir les pieds sur terre et la tête dans les nuées, pour mieux voir une face solaire pleurer ses larmes de sang. Pardonnez-moi donc de ne pas entrer dans vos insipides paysages, de ne pas vous accompagner sur ce terrain de soumission qui est ce qui reste de culture quand elle est vidée de sa protestation.
Mes mots peuvent parler d’amour, bien sûr, car j’aime, voyez-vous : Mais j’aime autant celle qui accompagne douloureusement mes pas hésitants de poète,
Que la femme éplorée sur le cadavre encore chaud de son fils ; J’aime d’un amour fou l’humanité qui se lève,
Sans oublier celle qui se couche de peur du viol et de la torture. Mon poème, seulement, ne sait entrer dans le paysage des bourreaux.
Il ne peut rester de silence quand celui-là maltraite et souille l’idée que je me fais de mon pays. Mon poème détonne dans le paysage qui est le vôtre, il a le pas chancelant des exilés de toutes contrées.
Pardonnez-moi donc de ne pas marcher vers vos insipides paysages. Rebelle je suis, rebelle je reste, et ma parole a des ailes.
Manosque, 10 mars 2011