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Ecritures du net

Publié le 11 mars 2011 par Addiction2010

Je ne fréquente plus guère M@nuscrits, je n’y ai plus contribué depuis des mois. La lassitude, les quolibets du bac à sable, d’autres centres d’intérêts, et surtout la conviction que je n’appartenais pas à cette communauté qui s’était crée là et qui rejetait tout ce qui ne lui ressemblait pas assez.


A quoi bon y revenir aujourd’hui ?


C’est que voilà… Depuis quelques mois, j’ai appris à fréquenter les écritures du net, ce que M Scheer prétendait capter avec son expérience. Certes, je n’ai pas tout vu, et même n’ai-je probablement aperçu qu’une infime partie de cela. Que trouve-t-on sur M@nuscrits? D’abord, il y a tous les textes sortis du tiroir et proposés là après avoir été trop souvent refusés par les éditeurs, ou parce que leur auteur n’a pas eu le courage de les imprimer et de les envoyer, tellement il était certain de leur sort. Mais l’internet permet cette instantanéité anonyme où le courage n’est pas utile. Et çà ne coûte rien. Parfois, on découvre ainsi des textes agréables et même jolis, voire merveilleux. Je pense à ces poèmes de Ghani, apparus et presque aussitôt disparus sans que l’on sache bien pourquoi, si ce n’est en soupçonnant l’effet du bac à sable. Peut-on parler d’écriture du net ?


Ensuite, je vois une catégorie qui s’inscrit à la marge de la précédente. Je pense à ceux qui ont écrit un texte, roman, nouvelle, poèmes sans penser à un public, mais juste parce qu’il le fallait, et qui se sont soudain rendus compte que çà ne pouvait pas rester là, qu’il fallait le montrer, le partager, sans trop se soucier de la qualité de ce qui était écrit. Premier texte, centième, peu importe, ceux là ont ressenti le besoin, pour un texte en particulier de le faire vivre ailleurs que dans leur petit monde. Certains ont pensé à l’envoyer à un éditeur, l’ont fait peut-être mais devant l’urgence ont aussi cherché un moyen de le montrer et cet espace ouvert, libre sans cette forme de censure qu’on appelle « modération » sur internet, s’est offert à eux. Je me reconnais ici. J’avais écrit un texte, roman plus que récit fidèle mais largement inspiré de faits réels. J’avais posé ce fameux point final et je fus pris du besoin de ne pas garder cela pour moi. Cela qui avait été écrit par pur égoïsme, sans penser à un éventuel lecteur. Je l’ai aussi envoyé à un éditeur qui, fort heureusement, m’a adressé une lettre polie. J’ai ensuite créé un site web sous la forme d’un blog, dans le seul but d’y publier, petit à petit, ce que j’avais écrit. J’y reviendrai. Encore une fois, peut-on parler d’écriture du net ?


Sur M@nuscrits, j’ai aussi trouvé des textes qui avaient été spécifiquement écrit pour cet espace, parfois en réponse à un autre, sous forme de parodie, ou de suite et même quasiment de feuilleton à deux mains, mais ce fut rare. Alors que M@nuscrits voulait capter une écriture du net, cet espace a donc suscité quelques écrits. Pourtant, peut-on parler d’écriture du net ?


Enfin, il existe une catégorie un peu particulière dont le plus caractéristique représentant serait « Les récits d’Ostwand ». Voilà un texte, ou plutôt un ensemble de textes qui présentent un intérêt évident et pourraient sans doute trouver leur chemin dans l’édition classique. Mais leur auteur a préféré une autre voie en les publiant sur internet, en considérant qu’un texte peut toujours changer alors qu’un texte imprimé serait mort, et en se faisant le militant de cette forme d’édition. Le conflit entre Leo Scheer et Eric Meije est une belle illustration du malentendu et de l’incompréhension qui peuvent exister entre ces formes différentes de diffusion de la création littéraire. Car cette fois, c’est bien de cela qu’il s’agit. Pourtant, même si le choix d’internet comme vecteur est déterminant, peut-on parler d’écriture du net ?


Faut-il continuer encore l’énumération de ce qui n’est pas « l’écriture du net » ? Certes, c’est sans doute plus facile que de tenter de définir ce que c’est. Et je ne suis en rien qualifié pour proposer une définition, encore moins une affirmation définitive de ce que c’est. Tout juste puis témoigner de ce que je ressens en parcourant internet.


Car ce blog que j’avais initialement créé pour partager ce roman m’a mené ailleurs. Plus le temps passe, plus je m’éloigne aussi de ce qui m’avait poussé à l’écrire, et moins je vois de qualité à mon texte. J’ai arrêté d’en publier des extraits, après avoir d’abord distillé les chapitres par petits morceaux. Il vient encore des lecteurs, c’est un des miracles d’internet et des moteurs de recherche, et même des lecteurs qui parcourent tout ce qui est disponible. Je regrette un peu de ne pas recevoir leurs commentaires, mais je me suis fait une raison. Et surtout, ce texte qui donne son titre au blog n’en est plus qu’un élément secondaire. Petit à petit, je me suis pris au jeu d’un post quotidien, inspiré par des sentiments personnels, joies et peines, ou par des évènements d’actualité auxquels je réagis. Il y a sans doute un lien entre tout cela.


Ce qui me frappe, c’est que je trouve beaucoup d’autres blog qui répondent aux mêmes motivations, à ce besoin de traduire en mots ce qui agite l’esprit. Oh, ce n’est pas toujours bien écrit, c’est même quelquefois assez peu conforme aux canons de la langue française. J’ai vu une multitude de textes obéissant plus ou moins aux règles de la versification, qui ne sont poèmes que pour leurs auteurs. Je les prends avec le reste ! Car c’est ce foisonnement qui m’intéresse : pour le première fois, personne ne fait le tri pour moi. Je sais bien que je ne vois qu’une toute petite partie de ce qui est disponible mais au moins, de ce que je vois, c’est moi qui choisit où j’ai envie de revenir, c’est moi aussi qui choisit ce que je veux recommander à ceux qui, souvent par le hasard googlelien, arrivent sur mes pages.


Je ne sais toujours pas ce qu’est l’écriture du net. Je n’utiliserai pas de grands mots, je ne suis pas un écrivain du net. Encore moins un « écrivant », mais surtout parce que je n’aime pas ce mot. Je participe néanmoins, comme tant d’autres, à cette écriture du net.


Oui, j’écris. Chaque jour, trois lignes, trois pages, c’est selon. Billet d’humeur, état d’âme, quasi poème ou texte informe, peu importe. J’écris, des inconnus lisent mes mots et parfois me le font savoir.


Ces mots, ces textes n’existeraient pas sans internet. Voilà pourquoi je considère qu’ils sont l’écriture du net.

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