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Je suis au Paradis de Thomas Fersen

Publié le 13 mars 2011 par Paumadou

Je suis au Paradis de Thomas FersenBon, encore un article sur lui… Ben oui, mais je vous ai pas encore dit ce que je pensais de son dernier album APRES l’avoir écouté (enfin, presque pas)

Donc, j’ai beaucoup aimé, mais je vais essayer d’être plus critique que ça (histoire d’être un peu utile quand même)

A la première écoute, j’ai aimé la plupart des chansons (sauf Matthieu… la guitare électrique très peu pour moi, ça détonne trop musicalement avec le reste du disque. Mais à force de l’écouter, elle finira pas me plaire, je le sais)

Musicalement, on oublie le ukulélé et l’ambiance bohème du précédent album (qui m’avait un peu déroutée d’ailleurs), on retombe dans les mélodies ferseniennes. Du connu des albums d’avant le Best-off ukulélé. C’est d’ailleurs assez frappant : beaucoup des chansons se ressemblent musicalement. Au point qu’il faut parfois attendre les paroles pour savoir quelle chanson on écoute. Pas mauvais, mais peut-être pas très original non plus.

Niveau texte : l’influence de la littérature fantastique est manifeste (il ne s’en cache même pas : Stocker, Keller, Gautier) Attention, pas la bit-lit clinquante de twilight… non, la vraie littérature, celle du 19ème siècle. Il cite Dracula, Barbe-bleue et Gottfried Keller (dont je cherche une traduction de Der Grüne Heinrich, il m’a donné envie de le lire) , mais on pourrait même y voir le monstre de Frankenstein dans son balafré. Les textes sont épais, chauds et comme toujours pleins d’esprit, comme un beau velours.

Mais on sent une évolution : fini les fous, on franchit la ligne du réel. Certes, les squelettes se baladaient déjà dans ses chansons (Mon Macabre – Le Pavillon des Fous – 2005), mais c’était onirique. Ici, on retombe dans le trivial avec J’suis mort. Oui, un squelette se balade, mais ça n’a plus rien de rêvé. Fersen arrive à surmonter la mort le plus naturellement du monde : puisqu’être un squelette ne gêne en rien son boulot, le mort part travailler tous les soirs. La mort, ça sert donc à rien, puisqu’après, c’est pareil qu’avant ?

Enfin, le fantastique est surtout celui du quotidien : Dracula n’est évoqué que pour décrire la douleur que peut inspirer l’amour d’une femme, les loups-garous ne sont que des divorcés qui déterrent leur ancienne vie (celles qu’ils ont perdus avant de se passer la corde au cou

Razz
), les fantômes, l’image obsédante d’une femme aimée… Une horrible banalité.

Autre nouveauté : des innocents. Chose rare chez Fersen. Lui, qui avait toujours eu une immense mansuétude pour les criminels et les fous… plonge de purs innocents dans la tourmente (et pas la moindre ! ) Ainsi Le Balafré n’est qu’un doux rêveur qui sans doute ne parviendra pas à se sortir d’un délit de faciès, quant à L’enfant-sorcière, la pauvre n’est pas mieux lotie. D’ailleurs, c’est la première véritable chanson triste de Fersen : pas de jeu de mots, pas de je-m’en-foutisme… Compassion et regret pour cette petite fille qui avait l’esprit libre. Juste ça.

Certes dans le précédent album, Ce qu’il me dit parlait de l’exil et de l’immigration, mais le ton était encore un peu moqueur. Là, la voix même se fait porteuse d’émotion. Je n’avais jamais été aussi sensible au grain rapeux de sa voix… Mais j’y ai pris un véritable plaisir (bon ok, pour celles qui ont bêta-lu Absences, le côté « orgasme auditif » ça existe, je vous assure ;) )

Enfin, chose qui m’a frappé : pour une fois, j’ai eu l’impression que l’univers de Thomas Fersen qui jusque là était pour moi très à part, distinct, unique… rejoint d’autres univers. Le premier qui m’a sauté à la figure, c’est L’enfant-Sorcière : J’ai vu la scène du rêve d’Ichabod Crane dans Sleepy Hollow de Burton. L’image s’est imposée et n’est plus partie. Comme si c’était un album d’influences plus que d’inspiration propre. L’occasion d’aborder des sujets qui lui tiennent à coeur mais jamais poussé à ce point-là auparavant.

Ca tombe bien, j’adore Burton (or Alice car c’est du disney-disneyesque, et Big Fish pour une raison personnelle, même si je reconnais que c’est un excellent film).

Par contre, j’ai découvert qu’il y avait également des références à la BD que je ne connais pas (faut dire que je lis rarement des BDs autres que Manu Larcenet et Astérix… ça limite mes connaissances du coup ;) ) : Christophe Blain qui a pondu les dessins de la pochette et Joann Sfar (dont je n’ai jamais vraiment apprécié les dessins, trop chargé et tremblotant à mon goût – même si je reconnais une qualité indéniablement esthétique- pas mon truc, c’est tout).

De quoi me donner envie de découvrir d’autres artistes (et pourquoi pas me mettre à la BD).
Widgets Amazon.fr
(Je vous aurais bien mis une chanson en illustration : Dracula, J’suis mort ou L’Enfant-Sorcière… mais Deezer ne les a pas encore rajouté à son catalogue. Du coup, je peux pas. Du coup, j’ai mis le widget Amazon sur tout l’album… C’est que des extraits et bloqué par les filtres anti-pubs, mais c’est déjà ça

Thinking
)


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